Acte 2, scène 2

L'intrusion mondaine

L'arrivée d'Acaste interrompt brutalement la conversation entre Alceste et Célimène. Alceste explose contre ces intrusions permanentes qui l'empêchent d'avoir un moment d'intimité avec celle qu'il aime. Cette scène courte mais révélatrice montre le fossé entre l'idéalisme d'Alceste qui voudrait un amour exclusif et le réalisme de Célimène qui navigue dans les eaux troubles de la société.

Alceste

Alceste
Amoureux de Célimène, ami de Philinte

Basque

Basque
Valet de Célimène

Célimène

Célimène
Jeune veuve courtisée par Alceste, Oronte, Acaste et Clitandre

Version Moderne

Version Originale

Célimène
Qu'est-ce qu'il y a ?
Qu'est-ce ?
Basque
Acaste est arrivé.
Acaste est là-bas.
Célimène
Faites-le entrer.
Hé bien, faites monter.
Alceste
On ne peut jamais être seuls ! Vous recevez toujours du monde. Vous ne pouvez pas dire une fois que vous n'êtes pas là ?
Quoi ! l'on ne peut jamais, vous parler, tête à tête ? À recevoir le Monde, on vous voit toujours prête ? Et vous ne pouvez pas, un seul moment de tous, Vous résoudre à souffrir de n'être pas chez vous ?
Célimène
Vous voulez que je me fâche avec lui ?
Voulez-vous, qu'avec lui, je me fasse une Affaire ?
Alceste
Je n'aime pas comment vous le regardez.
Vous avez des Regards qui ne sauraient me plaire.
Célimène
Il ne me le pardonnerait jamais s'il savait que je ne voulais pas le voir.
C'est un Homme à jamais ne me le pardonner, S'il savait que sa vue eût pu m'importuner.
Alceste
Et alors ? Pourquoi ça vous gêne tant...
Et que vous fait cela, pour vous gêner de sorte...
Célimène
Il faut rester en bons termes avec ces gens-là ! Ils ont de l'influence à la cour. Ils se mêlent de tout, ils ne peuvent pas vraiment aider mais ils peuvent nuire. Il ne faut jamais se les mettre à dos.
Mon Dieu ! de ses Pareils, la Bienveillance importe, Et ce sont de ces Gens qui, je ne sais comment, Ont gagné, dans la Cour, de parler hautement. Dans tous les Entretiens, on les voit s'introduire ; Ils ne sauraient servir, mais ils peuvent vous nuire ; Et jamais, quelque appui qu'on puisse avoir d'ailleurs, On ne doit se brouiller avec ces grands Brailleurs.
Alceste
Vous avez toujours une excuse pour recevoir tout le monde. Vos calculs prudents...
Enfin, quoi qu'il en soit, et sur quoi qu'on se fonde, Vous trouvez des Raisons pour souffrir tout le Monde ; Et les précautions de votre jugement...
Molière
Écrit par Molière Suivre