Version Moderne
Version Originale
J'ai un message pour vous.
Monsieur, j'ai deux Mots à vous dire.
Parlez devant tout le monde.
Vous pouvez parler haut, Monsieur, pour m'en instruire.
Les maréchaux vous convoquent immédiatement.
Messieurs les Maréchaux, dont j'ai commandement,
Vous mandent de venir les trouver promptement,
Monsieur.
Moi ?
Qui ? moi, Monsieur ?
Pourquoi ?
Et pour quoi faire ?
C'est votre dispute avec Oronte.
C'est d'Oronte, et de Vous, la ridicule Affaire.
Ils se sont disputés sur des vers qu'Alceste a critiqués. On veut éviter que ça dégénère.
Oronte, et lui, se sont tantôt bravés,
Sur certains petits Vers, qu'il n'a pas approuvés ;
Et l'on veut assoupir la chose, en sa naissance.
Je ne ferai pas de concessions lâches.
Moi, je n'aurai, jamais, de lâche Complaisance.
Il faut obéir, allons-y...
Mais il faut suivre l'Ordre, allons, disposez-vous...
Quel arrangement veulent-ils ? Ils vont m'obliger à dire que ses vers sont bons ? Je maintiens ce que j'ai dit, ils sont mauvais.
Quel accommodement veut-on faire entre nous ?
La voix de ces Messieurs, me condamnera-t-elle
À trouver bons les Vers qui font notre Querelle ?
Je ne me dédis point de ce que j'en ai dit,
Je les trouve méchants.
Soyez plus conciliant...
Mais d'un plus doux Esprit...
Non, ces vers sont exécrables.
Je n'en démordrai point, les Vers sont exécrables.
Montrez-vous raisonnable. Venez.
Vous devez faire voir des Sentiments traitables ;
Allons, venez.
J'irai, mais je ne changerai pas d'avis.
J'irai, mais rien n'aura pouvoir
De me faire dédire.
Allons-y.
Allons vous faire voir.
Sauf ordre du roi, je continuerai à dire que ses vers sont mauvais et qu'il mérite la pendaison pour les avoir écrits. Je ne savais pas que j'étais si drôle !
Hors qu'un Commandement exprès du Roi me vienne,
De trouver bons les Vers, dont on se met en peine,
Je soutiendrai, toujours, morbleu, qu'ils sont mauvais,
Et qu'un Homme est pendable, après les avoir faits.
Par la sangbleu, Messieurs, je ne croyais pas être
Si plaisant que je suis.
Allez-y vite.
Allez vite paraître
Où vous devez.
J'y vais et je reviens pour régler nos comptes.
J'y vais, Madame, et, sur mes pas
Je reviens en ce Lieu, pour vider nos Débats.