Version Moderne
Version Originale
Madame, c'est à vous de décider si vous voulez de moi. J'ai besoin d'une certitude. Un amant ne supporte pas l'hésitation. Si mon amour vous touche, montrez-le clairement. La preuve que j'exige, c'est que vous renvoyiez Alceste. Sacrifiez-le à mon amour et bannissez-le aujourd'hui même.
Oui, c'est à vous, de voir, si par des Nœuds si doux,
Madame, vous voulez m'attacher tout à vous :
Il me faut de votre Âme, une pleine assurance,
Un Amant, là-dessus, n'aime point qu'on balance :
Si l'ardeur de mes Feux a pu vous émouvoir,
Vous ne devez point feindre à me le faire voir ;
Et la preuve, après tout, que je vous en demande,
C'est de ne plus souffrir qu'Alceste vous prétende,
De le sacrifier, Madame, à mon Amour,
Et, de chez vous, enfin, le bannir dès ce jour.
Pourquoi cette colère contre lui ? Vous vantiez tant ses mérites avant.
Mais quel sujet si grand, contre lui, vous irrite,
Vous, à qui j'ai tant vu parler de son Mérite ?
Pas besoin d'explications. Il s'agit de connaître vos sentiments. Choisissez l'un ou l'autre. J'attends votre décision.
Madame, il ne faut point ces éclaircissements,
Il s'agit de savoir quels sont vos Sentiments :
Choisissez, s'il vous plaît, de garder l'un, ou l'autre,
Ma résolution n'attend rien que la vôtre.
Monsieur a raison, il faut choisir. Sa demande rejoint la mienne. J'ai la même urgence, le même besoin. Mon amour exige une preuve du vôtre. C'est fini de traîner. C'est le moment de dire ce que vous ressentez.
Oui, Monsieur a raison ; Madame, il faut choisir,
Et sa demande, ici, s'accorde à mon désir ;
Pareille ardeur me presse, et même soin m'amène,
Mon Amour veut du vôtre, une marque certaine.
Les Choses ne sont plus pour traîner en longueur,
Et voici le moment d'expliquer votre Cœur.
Je ne veux pas gêner votre bonheur, Monsieur.
Je ne veux point, Monsieur, d'une Flamme importune,
Troubler, aucunement, votre bonne Fortune.
Je ne veux rien partager de son cœur avec vous.
Je ne veux point, Monsieur, jaloux, ou non jaloux,
Partager de son Cœur, rien du tout avec vous.
Si elle préfère votre amour...
Si votre Amour, au mien, lui semble préférable...
Si elle a le moindre penchant pour vous...
Si du moindre Penchant elle est pour vous capable...
Je renonce à elle.
Je jure de n'y rien prétendre désormais.
Je jure de ne plus jamais la voir.
Je jure, hautement, de ne la voir jamais.
Madame, parlez librement.
Madame, c'est à vous de parler sans contrainte.
Madame, expliquez-vous sans crainte.
Madame, vous pouvez vous expliquer sans crainte.
Dites-nous qui vous aimez.
Vous n'avez qu'à nous dire où s'attachent vos vœux.
Choisissez entre nous deux.
Vous n'avez qu'à trancher, et choisir de nous deux.
Quoi ! Vous hésitez ?
Quoi ! sur un pareil Choix, vous semblez être en peine !
Vous êtes indécise ?
Quoi ! votre Âme balance, et paraît incertaine !
Cette demande est déplacée ! Vous êtes déraisonnables tous les deux. Je sais qui je préfère, mon cœur n'hésite pas. Le choix est fait depuis longtemps. Mais c'est trop gênant de le dire en face. Ces mots blessants ne devraient pas se dire devant les gens. Un cœur montre assez ses préférences sans qu'on force une rupture brutale. Il y a des façons plus douces de faire comprendre à quelqu'un qu'il n'est pas aimé.
Mon Dieu ! que cette Instance est là, hors de Saison :
Et que vous témoignez, tous deux, peu de Raison !
Je sais prendre Parti sur cette Préférence,
Et ce n'est pas mon Cœur, maintenant, qui balance :
Il n'est point suspendu, sans doute, entre vous deux,
Et rien n'est si tôt fait, que le choix de nos vœux.
Mais je souffre, à vrai dire, une gêne trop forte,
À prononcer en face, un aveu de la sorte :
Je trouve que ces Mots, qui sont désobligeants,
Ne se doivent point dire en présence des Gens :
Qu'un Cœur, de son Penchant, donne assez de lumière,
Sans qu'on nous fasse aller, jusqu'à rompre en visière :
Et qu'il suffit, enfin, que de plus doux Témoins
Instruisent un Amant du malheur de ses Soins.
Non, je n'ai pas peur de la vérité. Je la veux.
Non, non, un franc Aveu n'a rien que j'appréhende,
J'y consens pour ma part.
Moi aussi je l'exige. Je veux une déclaration publique, sans ménagement. Vous voulez toujours plaire à tout le monde. Mais c'est fini les jeux et l'ambiguïté. Expliquez-vous clairement ou votre refus sera ma réponse. Je comprendrai ce silence et j'en tirerai mes conclusions.
Et moi, je le demande ;
C'est son éclat, surtout, qu'ici j'ose exiger,
Et je ne prétends point vous voir rien ménager.
Conserver tout le Monde, est votre grande étude,
Mais plus d'amusement, et plus d'incertitude ;
Il faut vous expliquer, nettement, là-dessus,
Ou bien, pour un Arrêt, je prends votre refus :
Je saurai, de ma part, expliquer ce silence,
Et me tiendrai pour dit, tout le mal que j'en pense.
Merci Monsieur pour cette colère. Je dis exactement comme vous.
Je vous sais fort bon gré, Monsieur, de ce courroux,
Et je lui dis, ici, même chose que vous.
Vous m'épuisez avec vos caprices ! C'est injuste ce que vous demandez. Je vous ai dit pourquoi je ne peux pas. Éliante arrive, elle sera mon juge.
Que vous me fatiguez avec un tel Caprice !
Ce que vous demandez, a-t-il de la justice :
Et ne vous dis-je pas quel Motif me retient ?
J'en vais prendre pour Juge, Éliante qui vient.