Acte III, scène 5

L'accusation de Damis devant Orgon

Devant Orgon qui vient d'arriver, Damis révèle immédiatement ce qu'il a entendu. Il accuse Tartuffe d'avoir fait une déclaration d'amour à Elmire, présentant cela comme une trahison et un déshonneur pour son père qui a tant fait pour Tartuffe. Elmire tente de minimiser l'affaire. Elle affirme qu'une femme ne doit pas troubler son mari avec ces "vains propos", que l'honneur d'une femme consiste à savoir se défendre seule, et reproche doucement à Damis son intervention. Cette courte scène met en place le conflit entre Damis qui veut absolument révéler la vérité pour sauver son père et Elmire qui préfère gérer la situation discrètement sans scandale. La scène prépare la confrontation cruciale qui va suivre, où Orgon devra choisir entre croire son fils ou Tartuffe.

Damis

Damis
Fils d'Orgon

Elmire

Elmire
Epouse d'Orgon

Version Moderne

Version Originale

Damis
Père, j'ai une nouvelle toute fraîche qui va vous surprendre. Voilà comment on vous remercie de vos bontés ! Monsieur reconnaît vos tendresses d'une belle façon. Son grand zèle pour vous vient de se montrer : il veut vous déshonorer ! Je l'ai surpris en train de déclarer à madame son amour coupable. Elle est douce et discrète, elle voulait garder le secret. Mais je ne peux pas tolérer une telle impudence. Vous le cacher serait vous offenser.
Nous allons régaler, mon Père, votre abord, D'un incident tout frais, qui vous surprendra fort. Vous êtes bien payé de toutes vos caresses ; Et Monsieur, d'un beau prix, reconnaît vos tendresses. Son grand zèle, pour vous, vient de se déclarer. Il ne va pas à moins qu'à vous déshonorer ; Et je l'ai surpris, là, qui faisait à Madame L'injurieux aveu d'une coupable flamme. Elle est d'une humeur douce, et son cœur trop discret Voulait, à toute force, en garder le secret : Mais je ne puis flatter une telle impudence, Et crois que vous la taire, est vous faire une offense.
Elmire
Je pense qu'on ne doit jamais troubler son mari avec ces bêtises. L'honneur ne dépend pas de ça, il suffit de savoir se défendre. C'est mon opinion. Damis, si j'avais eu de l'influence sur toi, tu n'aurais rien dit.
Oui, je tiens que jamais, de tous ces vains propos, On ne doit d'un Mari traverser le repos ; Que ce n'est point de là que l'honneur peut dépendre, Et qu'il suffit, pour nous, de savoir nous défendre. Ce sont mes sentiments ; et vous n'auriez rien dit, Damis, si j'avais eu sur vous quelque crédit.
Molière
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