Version Moderne
Version Originale
Ce que j'entends, mon Dieu ! Est-ce possible ?
Ce que je viens d'entendre, ô Ciel ! est-il croyable ?
Oui, mon frère, je suis un méchant, un coupable, un pécheur plein de vice, le pire scélérat qui existe. Chaque instant de ma vie est souillé, ce n'est qu'un amas de crimes et d'ordures. Le ciel veut me punir aujourd'hui. Peu importe ce dont on m'accuse, je ne me défendrai pas. Croyez ce qu'on vous dit, mettez-vous en colère, chassez-moi comme un criminel. J'ai mérité encore plus de honte que ça.
Oui, mon Frère, je suis un méchant, un coupable,
Un malheureux Pécheur, tout plein d'iniquité,
Le plus grand scélérat qui jamais ait été.
Chaque instant de ma vie est chargé de souillures,
Elle n'est qu'un amas de crimes, et d'ordures ;
Et je vois que le Ciel, pour ma punition,
Me veut mortifier en cette occasion.
De quelque grand forfait qu'on me puisse reprendre,
Je n'ai garde d'avoir l'orgueil de m'en défendre.
Croyez ce qu'on vous dit, armez votre courroux,
Et comme un Criminel, chassez-moi de chez vous.
Je ne saurais avoir tant de honte en partage,
Que je n'en aie encor mérité davantage.
Traître ! Tu oses salir sa vertu avec tes mensonges ?
Ah ! traître, oses-tu bien, par cette fausseté,
Vouloir de sa vertu ternir la pureté ?
Quoi ! La fausse douceur de cet hypocrite vous fait nier...
Quoi ! la feinte douceur de cette âme hypocrite
Vous fera démentir...
Tais-toi, peste !
Tais-toi, peste maudite.
Laissez-le parler, vous l'accusez à tort, croyez-le plutôt. Pourquoi me défendre ? Savez-vous de quoi je suis capable ? Vous fiez-vous à mon apparence ? Me croyez-vous meilleur que je ne suis ? Non, vous vous laissez tromper, je ne suis pas ce qu'on pense. Tout le monde me prend pour un homme de bien mais je ne vaux rien. Oui, mon fils, traitez-moi de traître, d'infâme, de voleur, d'assassin. Accablez-moi de noms encore pires, je les mérite. Je veux m'agenouiller et subir cette honte méritée par mes crimes.
Ah ! laissez-le parler, vous l'accusez à tort,
Et vous ferez bien mieux de croire à son rapport.
Pourquoi, sur un tel fait, m'être si favorable ?
Savez-vous, après tout, de quoi je suis capable ?
Vous fiez-vous, mon Frère, à mon extérieur ?
Et pour tout ce qu'on voit, me croyez-vous meilleur ?
Non, non, vous vous laissez tromper à l'apparence,
Et je ne suis rien moins, hélas ! que ce qu'on pense.
Tout le monde me prend pour un Homme de bien ;
Mais la vérité pure, est, que je ne vaux rien.
Oui, mon cher Fils, parlez, traitez-moi de perfide,
D'infâme, de perdu, de voleur, d'homicide.
Accablez-moi de noms encor plus détestés.
Je n'y contredis point, je les ai mérités,
Et j'en veux à genoux souffrir l'ignominie,
Comme une honte due aux crimes de ma vie.
Mon frère, c'est trop ! Ton cœur ne cède pas, traître ?
Mon Frère, c'en est trop.
Ton cœur ne se rend point,
Traître.
Quoi ! Ses paroles vous séduisent à ce point...
Quoi ! ses discours vous séduiront au point...
Tais-toi, vaurien ! Mon frère, relevez-vous, je vous prie. Infâme !
Tais-toi, pendard.
Mon Frère, eh ! levez-vous, de grâce.
Infâme.
J'enrage ! Quoi, je passe pour...
J'enrage ! Quoi, je passe...
Un mot de plus et je te casse les bras.
Si tu dis un seul mot, je te romprai les bras.
Mon frère, au nom de Dieu, calmez-vous. Je préférerais souffrir mille morts plutôt qu'il soit blessé pour moi.
Mon Frère, au nom de Dieu, ne vous emportez pas.
J'aimerais mieux souffrir la peine la plus dure,
Qu'il eût reçu pour moi la moindre égratignure.
Laissez-le tranquille. Si je dois m'agenouiller pour demander sa grâce...
Laissez-le en paix. S'il faut à deux genoux
Vous demander sa grâce...
Vous plaisantez ? Coquin, regarde sa bonté !
Hélas ! vous moquez-vous ?
Coquin, vois sa bonté.
Silence ! Je sais pourquoi tu l'attaques. Vous le détestez tous - femme, enfants, valets - tous ligués contre lui. Vous faites tout pour chasser cet homme pieux de chez moi. Mais plus vous essayez de le bannir, plus je veux le garder. Et je vais lui donner ma fille tout de suite pour humilier toute ma famille.
Paix, dis-je.
Je sais bien quel motif, à l'attaquer, t'oblige.
Vous le haïssez tous, et je vois aujourd'hui,
Femme, Enfants, et Valets, déchaînés contre lui.
On met impudemment toute chose en usage,
Pour ôter de chez moi ce dévot Personnage :
Mais plus on fait d'effort afin de l'en bannir,
Plus j'en veux employer à l'y mieux retenir ;
Et je vais me hâter de lui donner ma Fille,
Pour confondre l'orgueil de toute ma Famille.
Vous pensez l'obliger à l'épouser ?
À recevoir sa main, on pense l'obliger ?
Oui, traître, et dès ce soir pour vous faire enrager ! Je vous défie tous et vous montrerai qu'on doit m'obéir, que je suis le maître. Allez, rétracte-toi et jette-toi à ses pieds pour demander pardon, tout de suite !
Oui, traître ; et dès ce soir, pour vous faire enrager.
Ah ! je vous brave tous, et vous ferai connaître,
Qu'il faut qu'on m'obéisse, et que je suis le Maître.
Allons, qu'on se rétracte, et qu'à l'instant, fripon,
On se jette à ses pieds, pour demander pardon.
Moi ? À ce coquin qui par ses mensonges...
Qui, moi ? de ce coquin, qui par ses impostures...
Tu résistes, misérable, et tu l'insultes ? Un bâton ! Un bâton ! Ne me retenez pas ! Sors de ma maison immédiatement et n'aie jamais l'audace de revenir !
Ah ! tu résistes, gueux, et lui dis des injures ?
Un bâton, un bâton.
Ne me retenez pas.
Sus, que de ma Maison on sorte de ce pas,
Et que d'y revenir, on n'ait jamais l'audace.
Oui, je sors, mais...
Oui, je sortirai, mais...
Sors vite ! Je te déshérite, vaurien, et je te maudis !
Vite, quittons la place.
Je te prive, pendard, de ma succession,
Et te donne, de plus, ma malédiction.