Version Moderne
Version Originale
Offenser ainsi un saint homme !
Offenser de la sorte une sainte Personne !
Ô ciel, pardonne-lui la douleur qu'il me cause. Si vous saviez comme je souffre de voir qu'on essaie de me noircir à vos yeux...
Ô Ciel ! pardonne-lui la douleur qu'il me donne.
Si vous pouviez savoir avec quel déplaisir
Je vois qu'envers mon Frère, on tâche à me noircir...
Cette ingratitude me fait tellement souffrir... L'horreur que j'en ressens... J'ai le cœur si serré que je ne peux plus parler. Je crois que j'en mourrai.
Le seul penser de cette ingratitude
Fait souffrir à mon âme un supplice si rude...
L'horreur que j'en conçois... J'ai le cœur si serré,
Que je ne puis parler, et crois que j'en mourrai.
Ce coquin ! Je regrette de ne pas l'avoir assommé tout de suite. Remettez-vous, mon frère, ne vous fâchez pas.
Coquin. Je me repens que ma main t'ait fait grâce,
Et ne t'ait pas d'abord assommé sur la place.
Remettez-vous, mon Frère, et ne vous fâchez pas.
Arrêtons ces débats pénibles. Je vois les troubles que je cause ici, je crois qu'il faut que je parte.
Rompons, rompons le cours de ces fâcheux débats.
Je regarde céans quels grands troubles j'apporte,
Et crois qu'il est besoin, mon Frère, que j'en sorte.
Comment ? Vous plaisantez ?
Comment ? Vous moquez-vous ?
On me déteste ici et on cherche à vous faire douter de moi.
On m'y hait, et je vois
Qu'on cherche à vous donner des soupçons de ma foi.
Qu'importe ! Est-ce que je les écoute ?
Qu'importe ; Voyez-vous que mon cœur les écoute ?
Ils continueront, c'est sûr. Ces accusations que vous rejetez aujourd'hui, peut-être les écouterez-vous un jour.
On ne manquera pas de poursuivre, sans doute ;
Et ces mêmes rapports, qu'ici vous rejetez,
Peut-être, une autre fois, seront-ils écoutés.
Non, mon frère, jamais.
Non, mon Frère, jamais.
Ah, mon frère, une femme peut facilement influencer son mari.
Ah ! mon Frère, une Femme
Aisément, d'un Mari, peut bien surprendre l'âme.
Laissez-moi partir pour leur enlever tout prétexte de m'attaquer.
Laissez-moi vite, en m'éloignant d'ici,
Leur ôter tout sujet de m'attaquer ainsi.
Non, vous restez, j'y tiens absolument.
Non, vous demeurerez, il y va de ma vie.
Eh bien, je devrai me sacrifier. Pourtant, si vous vouliez...
Hé bien, il faudra donc que je me mortifie.
Pourtant, si vous vouliez...
Soit, n'en parlons plus. Mais je sais ce qu'il faut faire. L'honneur est délicat et l'amitié m'oblige à éviter les rumeurs. Je fuirai votre épouse et vous ne me verrez plus...
Soit, n'en parlons plus.
Mais je sais comme il faut en user là-dessus.
L'honneur est délicat, et l'amitié m'engage
À prévenir les bruits, et les sujets d'ombrage.
Je fuirai votre Épouse, et vous ne me verrez...
Non, au contraire, vous la fréquenterez pour faire enrager tout le monde. Je veux qu'on vous voie ensemble constamment. Et ce n'est pas tout : pour les défier tous, vous serez mon seul héritier. Je vais tout de suite vous donner tous mes biens. Un ami sincère que je prends pour gendre m'est plus cher que fils, femme et parents. Acceptez-vous ?
Non, en dépit de tous, vous la fréquenterez.
Faire enrager le monde, est ma plus grande joie,
Et je veux qu'à toute heure avec elle on vous voie.
Ce n'est pas tout encor ; pour les mieux braver tous,
Je ne veux point avoir d'autre héritier que vous ;
Et je vais de ce pas, en fort bonne manière,
Vous faire de mon bien, donation entière.
Un bon et franc Ami, que pour Gendre je prends,
M'est bien plus cher que Fils, que Femme, et que Parents.
N'accepterez-vous pas ce que je vous propose ?
Que la volonté du ciel soit faite.
La volonté du Ciel soit faite en toute chose.
Le pauvre homme ! Allons vite rédiger l'acte. Que les envieux en crèvent de rage !
Le pauvre Homme ! Allons vite en dresser un Écrit,
Et que puisse l'Envie en crever de dépit.