Acte IV, scène 4

Elmire prépare son piège

Elmire met en place son piège avec une efficacité redoutable. Elle fait cacher Orgon sous la table malgré son scepticisme. Avant l'arrivée de Tartuffe, elle prévient son mari qu'elle devra feindre de céder aux avances du faux dévot pour le démasquer. Le pacte est clair et révèle l'intelligence tactique d'Elmire. Cette préparation minutieuse montre Elmire comme une stratège qui sacrifie sa pudeur pour sauver sa famille, tout en protégeant son honneur par ce contrat préalable avec son mari.

Elmire

Elmire
Epouse d'Orgon

Orgon

Orgon
Mari d'Elmire, père de Damis et de Mariane

Version Moderne

Version Originale

Elmire
Approche cette table et cache-toi dessous.
Approchons cette Table, et vous mettez dessous.
Orgon
Quoi ?
Comment ?
Elmire
Il faut que tu sois bien caché.
Vous bien cacher, est un point nécessaire.
Orgon
Pourquoi sous la table ?
Pourquoi sous cette Table ?
Elmire
Fais-moi confiance ! Cache-toi là et surtout, qu'on ne te voie ni ne t'entende.
Ah ! mon Dieu, laissez faire, J'ai mon dessein en tête, et vous en jugerez. Mettez-vous là, vous dis-je ; et quand vous y serez, Gardez qu'on ne vous voie, et qu'on ne vous entende.
Orgon
Je suis très patient, mais il faut que tu réussisses.
Je confesse qu'ici ma complaisance est grande ; Mais de votre entreprise, il vous faut voir sortir.
Elmire
Tu n'auras rien à redire. Écoute, je vais devoir jouer un jeu troublant, ne sois pas choqué. C'est pour te convaincre. Je vais flatter son désir pour qu'il tombe le masque. Je feindrai de céder à ses avances uniquement pour toi. Dès que tu seras convaincu, arrête tout. C'est à toi de stopper les choses avant qu'elles n'aillent trop loin. Épargne-moi et interviens dès que tu en auras assez vu. C'est ton affaire... Il arrive ! Cache-toi vite !
Vous n'aurez, que je crois, rien à me repartir. Au moins, je vais toucher une étrange matière, Ne vous scandalisez en aucune manière. Quoi que je puisse dire, il doit m'être permis, Et c'est pour vous convaincre, ainsi que j'ai promis. Je vais par des douceurs, puisque j'y suis réduite, Faire poser le masque à cette âme hypocrite, Flatter, de son amour, les désirs effrontés, Et donner un champ libre à ses témérités. Comme c'est pour vous seul, et pour mieux le confondre, Que mon âme à ses vœux va feindre de répondre, J'aurai lieu de cesser dès que vous vous rendrez, Et les choses n'iront que jusqu'où vous voudrez. C'est à vous d'arrêter son ardeur insensée, Quand vous croirez l'affaire assez avant poussée ; D'épargner votre Femme, et de ne m'exposer Qu'à ce qu'il vous faudra pour vous désabuser. Ce sont vos intérêts, vous en serez le maître, Et... L'on vient, tenez-vous, et gardez de paraître.
Molière
Écrit par Molière Suivre