Acte IV, scène 7

Tartuffe révèle sa vraie nature

Le coup de théâtre final de l'acte. Tartuffe revient, triomphant ("Parfait, personne !"), pour être confronté par Orgon qui surgit, enfin détrompé. Mais au moment où l'on s'attend à voir l'hypocrite confondu et chassé, Tartuffe retourne brutalement la situation. Le masque tombe complètement, fini le faux dévot mielleux, place au maître-chanteur. "Cette maison est à moi !" - il révèle qu'il détient la donation d'Orgon et menace de "détruire" la famille en invoquant cyniquement le Ciel qu'il prétend venger. L'acte se termine sur cette inversion terrifiante. C'est Tartuffe qui ordonne à Orgon de sortir de sa propre maison. L'imposteur démasqué devient le prédateur qui montre ses crocs, transformant la victoire apparente d'Elmire en catastrophe familiale.

Tartuffe

Tartuffe
Imposteur et faux dévot

Orgon

Orgon
Mari d'Elmire, père de Damis et de Mariane

Elmire

Elmire
Epouse d'Orgon

Version Moderne

Version Originale

Tartuffe
Parfait, Madame ! J'ai vérifié partout, personne. Mon cœur...
Tout conspire, Madame, à mon contentement : J'ai visité, de l'œil, tout cet appartement, Personne ne s'y trouve, et mon âme ravie...
Orgon
Doucement ! Pas si vite, l'homme de bien ! Vous voulez ma fille et ma femme ! J'espérais me tromper mais j'en ai assez vu.
Tout doux, vous suivez trop votre amoureuse envie, Et vous ne devez pas vous tant passionner. Ah, ah, l'Homme de bien, vous m'en voulez donner ! Comme aux tentations s'abandonne votre âme ! Vous épousiez ma Fille, et convoitiez ma Femme ! J'ai douté fort longtemps, que ce fût tout de bon, Et je croyais toujours qu'on changerait de ton : Mais c'est assez avant pousser le témoignage, Je m'y tiens, et n'en veux pour moi pas davantage.
Elmire
Je n'aime pas ces méthodes mais tu m'y as forcée.
C'est contre mon humeur, que j'ai fait tout ceci ; Mais on m'a mise au point de vous traiter ainsi.
Tartuffe
Vous croyez...
Quoi ! vous croyez...
Orgon
Silence ! Sortez d'ici immédiatement.
Allons, point de bruit, je vous prie ; Dénichons de céans, et sans cérémonie.
Tartuffe
Mon intention...
Mon dessein...
Orgon
Assez parlé ! Sortez de ma maison, maintenant !
Ces discours ne sont plus de saison, Il faut, tout sur-le-champ, sortir de la Maison.
Tartuffe
C'est vous qui sortirez ! Cette maison est à moi maintenant, vous le verrez bien. Vos pièges lâches ne marcheront pas. J'ai de quoi vous détruire et venger le Ciel qu'on offense. Vous allez regretter de m'avoir défié.
C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en Maître. La Maison m'appartient, je le ferai connaître, Et vous montrerai bien qu'en vain on a recours, Pour me chercher querelle, à ces lâches détours ; Qu'on n'est pas où l'on pense, en me faisant injure ; Que j'ai de quoi confondre, et punir l'imposture, Venger le Ciel qu'on blesse, et faire repentir Ceux qui parlent ici de me faire sortir.
Molière
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