Version Moderne
Version Originale
Qu'est-ce que j'apprends ?
Qu'est-ce ? J'apprends ici de terribles mystères.
J'ai tout vu ! J'ai recueilli ce misérable, je l'ai traité comme un frère, je lui ai tout donné - ma fille, mes biens. Et lui, il a tenté de séduire ma femme et maintenant il me menace avec mes propres dons ! Il veut me chasser de ma maison !
Ce sont des nouveautés dont mes yeux sont témoins,
Et vous voyez le prix dont sont payés mes soins.
Je recueille, avec zèle, un Homme en sa misère,
Je le loge, et le tiens comme mon propre Frère ;
De bienfaits, chaque jour, il est par moi chargé,
Je lui donne ma Fille, et tout le bien que j'ai ;
Et dans le même temps, le Perfide, l'Infâme,
Tente le noir dessein de suborner ma Femme ;
Et non content encor de ces lâches essais,
Il m'ose menacer de mes propres bienfaits,
Et veut, à ma ruine, user des avantages
Dont le viennent d'armer mes bontés trop peu sages ;
Me chasser de mes biens où je l'ai transféré,
Et me réduire au point d'où je l'ai retiré.
Le pauvre homme !
Le pauvre Homme !
Mon fils, c'est impossible. Il n'a pas pu faire ça.
Mon Fils, je ne puis du tout croire
Qu'il ait voulu commettre une action si noire.
Les gens de bien sont toujours enviés.
Les Gens de bien sont enviés toujours.
Qu'est-ce que tu racontes, maman ?
Que voulez-vous donc dire avec votre discours,
Ma Mère ?
Que ta maison est mal tenue et qu'on le déteste par jalousie.
Que chez vous on vit d'étrange sorte,
Et qu'on ne sait que trop la haine qu'on lui porte.
Quel rapport avec ce que je te dis ?
Qu'a cette haine à faire avec ce qu'on vous dit ?
Je te l'ai toujours dit : la vertu est persécutée, l'envie est éternelle.
Je vous l'ai dit cent fois, quand vous étiez petit.
La Vertu, dans le Monde, est toujours poursuivie ;
Les Envieux mourront, mais non jamais l'Envie.
Mais quel rapport ?
Mais que fait ce discours aux choses d'aujourd'hui ?
On t'a raconté des mensonges sur lui.
On vous aura forgé cent sots contes de lui.
Je l'ai vu moi-même !
Je vous ai dit déjà, que j'ai vu tout moi-même.
Les médisants sont terribles.
Des Esprits médisants, la malice est extrême.
Tu me rends fou, maman ! J'ai vu son crime de mes yeux !
Vous me feriez damner, ma Mère. Je vous dis,
Que j'ai vu de mes yeux, un crime si hardi.
Les mauvaises langues répandent toujours leur venin.
Les langues ont toujours du venin à répandre ;
Et rien n'est, ici-bas, qui s'en puisse défendre.
C'est absurde ! Je l'ai VU, VU de mes yeux ! Faut-il te le répéter cent fois ?
C'est tenir un propos de sens bien dépourvu !
Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,
Ce qu'on appelle vu : Faut-il vous le rebattre
Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ?
Les apparences sont trompeuses.
Mon Dieu, le plus souvent, l'apparence déçoit.
Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit.
On interprète souvent mal les bonnes intentions.
Aux faux soupçons la Nature est sujette ;
Et c'est souvent à mal, que le bien s'interprète.
Il voulait embrasser ma femme par charité ?
Je dois interpréter à charitable soin,
Le désir d'embrasser ma Femme ?
Il faut des preuves solides pour accuser. Tu aurais dû attendre d'être sûr.
Il est besoin,
Pour accuser les gens, d'avoir de justes causes,
Et vous deviez attendre à vous voir sûr des choses.
Attendre quoi ? Qu'il... Tu vas me faire dire des bêtises !
Hé, diantre, le moyen de m'en assurer mieux ?
Je devais donc, ma Mère, attendre qu'à mes yeux
Il eût... Vous me feriez dire quelque sottise.
Son âme est trop pure. Je ne peux pas croire ce qu'on dit.
Enfin d'un trop pur zèle on voit son âme éprise,
Et je ne puis du tout me mettre dans l'esprit,
Qu'il ait voulu tenter les choses que l'on dit.
Si tu n'étais pas ma mère...
Allez. Je ne sais pas, si vous n'étiez ma Mère,
Ce que je vous dirais, tant je suis en colère.
Juste retour des choses : vous ne vouliez rien croire, on ne vous croit pas.
Juste retour, Monsieur, des choses d'ici-bas.
Vous ne vouliez point croire, et l'on ne vous croit pas.
On perd du temps ! Il faut agir contre ses menaces.
Nous perdons des moments, en bagatelles pures,
Qu'il faudrait employer à prendre des mesures.
Aux menaces du Fourbe, on doit ne dormir point.
Il oserait vraiment ?
Quoi ! son effronterie irait jusqu'à ce point ?
Il n'osera pas, son ingratitude est trop évidente.
Pour moi, je ne crois pas cette instance possible,
Et son ingratitude est ici trop visible.
Méfiez-vous ! Il trouvera des appuis. Avec ce qu'il détient, tu n'aurais pas dû le provoquer.
Ne vous y fiez pas, il aura des ressorts,
Pour donner, contre vous, raison à ses efforts ;
Et sur moins que cela, le poids d'une Cabale
Embarrasse les Gens dans un fâcheux Dédale.
Je vous le dis encore, armé de ce qu'il a,
Vous ne deviez jamais le pousser jusque-là.
C'est vrai, mais sa trahison m'a rendu fou.
Il est vrai, mais qu'y faire ? À l'orgueil de ce Traître,
De mes ressentiments je n'ai pas été maître.
J'aimerais qu'on trouve un arrangement.
Je voudrais de bon cœur, qu'on pût entre vous deux,
De quelque ombre de paix, raccommoder les nœuds.
Si j'avais su qu'il avait ces armes, je n'aurais pas...
Si j'avais su qu'en main il a de telles armes,
Je n'aurais pas donné matière à tant d'alarmes,
Et mes...
Qui est-ce ? Allez voir. Je ne suis pas d'humeur à recevoir.
Que veut cet Homme ? Allez tôt le savoir ;
Je suis bien en état que l'on me vienne voir.