Version Moderne
Version Originale
Monsieur, désolé mais c'est urgent ! Un ami au gouvernement m'a prévenu en secret. Tartuffe vous a dénoncé au roi il y a une heure. Il lui a remis la cassette en vous accusant de trahison pour avoir caché un criminel d'État. Un ordre d'arrestation est lancé contre vous et Tartuffe lui-même va guider les gardes !
Avec regret, Monsieur, je viens vous affliger ;
Mais je m'y vois contraint par le pressant danger.
Un Ami qui m'est joint d'une amitié fort tendre,
Et qui sait l'intérêt qu'en vous j'ai lieu de prendre,
A violé pour moi, par un pas délicat,
Le secret que l'on doit aux affaires d'État,
Et me vient d'envoyer un avis dont la suite
Vous réduit au parti d'une soudaine fuite.
Le Fourbe, qui longtemps a pu vous imposer,
Depuis une heure, au Prince a su vous accuser,
Et remettre en ses mains, dans les traits qu'il vous jette,
D'un Criminel d'État, l'importante Cassette,
Dont au mépris, dit-il, du devoir d'un Sujet,
Vous avez conservé le coupable secret.
J'ignore le détail du crime qu'on vous donne,
Mais un Ordre est donné contre votre personne ;
Et lui-même est chargé, pour mieux l'exécuter,
D'accompagner celui qui vous doit arrêter.
Voilà comment il s'empare de vos biens !
Voilà ses droits armés, et c'est par où le Traître,
De vos biens qu'il prétend, cherche à se rendre maître.
Quel monstre !
L'Homme est, je vous l'avoue, un méchant Animal !
Pas de temps à perdre ! Mon carrosse est dehors avec mille louis d'or. Il faut fuir maintenant ! Je vous accompagne jusqu'à ce que vous soyez en sécurité.
Le moindre amusement vous peut être fatal.
J'ai, pour vous emmener, mon Carrosse à la Porte,
Avec mille Louis qu'ici je vous apporte.
Ne perdons point de temps, le trait est foudroyant,
Et ce sont de ces coups que l'on pare en fuyant.
À vous mettre en lieu sûr, je m'offre pour conduite,
Et veux accompagner, jusqu'au bout, votre fuite.
Comment vous remercier ? Je vous revaudrai ça un jour. Adieu, occupez-vous de...
Las ! que ne dois-je point à vos soins obligeants ?
Pour vous en rendre grâce, il faut un autre temps ;
Et je demande au Ciel, de m'être assez propice,
Pour reconnaître un jour ce généreux service.
Adieu, prenez le soin vous autres...
File ! On s'occupe du reste.
Allez tôt ;
Nous songerons, mon Frère, à faire ce qu'il faut.