Le résumé de la pièce

Tartuffe, le résumé de la pièce

Acte I Elmire, la mère d’Orgon quitte la maison en colère, défendant Tartuffe contre toute la famille qui dénonce son hypocrisie. Orgon est totalement fasciné par Tartuffe le manipulateur. Il l’a recueilli et lui sacrifie tout : il néglige sa femme malade, retarde le mariage de sa fille Mariane avec Valère. Il traite Tartuffe comme un saint. Cléante, son beau-frère, tente en vain de le raisonner en distinguant vraie foi et imposture.

Acte II Orgon annonce à Mariane qu’elle épousera Tartuffe, brisant sa promesse à Valère. La servante Dorine affronte courageusement Orgon pour défendre sa jeune maîtresse, mais rien n’y fait. Les deux amoureux se disputent par dépit avant que Dorine ne les réconcilie et organise la résistance : gagner du temps et mobiliser les alliés.

Acte III Tartuffe apparaît enfin, et joue la pudeur avec Dorine tout en essayant de séduite Elmire. Damis, caché, révèle tout à son père, mais Tartuffe retourne brillamment la situation : il s’accuse de tous les péchés, paraît humble, et Orgon prend sa défense. Résultat : Damis est chassé et déshérité, Tartuffe devient l’héritier unique et le mariage est avancé au soir même.

Acte IV Elmire décide de prouver à Orgon l’hypocrisie de Tartuffe. Elle cache Orgon sous la table et provoque les avances de Tartuffe qui révèle alors son cynisme (“pécher en silence n’est pas pécher”). Orgon découvre enfin la vérité et veut chasser Tartuffe, mais celui-ci possède légalement la maison que Orgon lui a donné. Plus grave encore : Orgon a confié à Tartuffe une cassette contenant des documents compromettants d’un ami exilé.

Acte V Tartuffe a dénoncé Orgon au roi pour trahison et vient avec un officier pour l’arrêter et prendre possession de tout ses biens. Mais retournement final : le roi, qui connaissait déjà Tartuffe comme criminel sous un autre nom, fait arrêter l’imposteur. La donation est annulée, Orgon est pardonné, et Mariane pourra épouser Valère. La justice royale triomphe de l’hypocrisie.

Le résumé scène par scène

Acte 1

  • Scène 1 : Madame Pernelle quitte la maison
    Madame Pernelle, la mère d'Orgon, quitte précipitamment la maison de son fils, furieuse. Elle reproche à toute la famille leur mode de vie mondain et leur hostilité envers Tartuffe, qu'elle considère comme un saint homme. Tour à tour, elle critique : - Elmire (sa belle-fille) pour ses dépenses et sa coquetterie - Dorine (la servante) pour son insolence - Damis (son petit-fils) pour son caractère rebelle - Mariane (sa petite-fille) pour sa fausse innocence - Cléante (le beau-frère) pour ses idées trop libérales Cette scène d'exposition présente efficacement le conflit central. La famille est divisée entre les partisans de Tartuffe et ceux qui voient clair dans son jeu.
  • Scène 2 : Dorine explique l'obsession d'Orgon
    Dorine explique à Cléante que l'obsession d'Orgon pour Tartuffe est encore pire que celle de sa mère. Cette scène révéle l'ampleur de la manipulation de Tartuffe et l'aveuglement total d'Orgon, préparant ainsi les conflits à venir.
  • Scène 3 : Elmire se retire, Damis révèle ses sentiments
    Elmire aperçoit son mari Orgon qui arrive et décide de l'attendre à l'étage. Cléante reste pour le saluer. et damis révèle qu'il est amoureux de la sœur de Valère. Si le mariage de Mariane échoue, son propre bonheur est compromis.
  • Scène 4 : Le retour d'Orgon - Et Tartuffe ?
    Orgon rentre de voyage et demande immédiatement des nouvelles de la maison à Dorine, empêchant Cléante de lui parler. Dans un échange devenu célèbre, Dorine raconte la maladie d'Elmire (fièvre, migraine, insomnie, saignée) mais Orgon ne s'inquiète que de Tartuffe, répétant obsessionnellement "Et Tartuffe ?" puis "Le pauvre homme !" alors que Tartuffe se porte parfaitement bien, mange comme quatre et dort paisiblement. Cette scène illustre brillamment l'obsession maladive d'Orgon pour Tartuffe et son indifférence totale pour sa propre femme malade. L'ironie de Dorine souligne l'absurdité de la situation. Cette scène comique est l'une des plus célèbres de la pièce, montrant par la répétition mécanique combien Orgon est aliéné par sa dévotion pour Tartuffe.
  • Scène 5 : Cléante tente de raisonner Orgon
    Cléante tente de raisonner Orgon qui raconte avec passion sa rencontre avec Tartuffe et avoue qu'il pourrait voir mourir sa famille sans émotion grâce à ses enseignements. Cléante distingue alors vraie dévotion et hypocrisie religieuse, mais Orgon reste sourd. Interrogé sur le mariage de Mariane avec Valère, Orgon fuit en invoquant "la volonté du ciel". Cléante décide d'alerter Valère du danger.

Acte 2

  • Scène 1 : Orgon annonce le mariage à Mariane
    Orgon convoque sa fille Mariane pour un entretien privé. Après s'être assuré que personne n'écoute, il commence par la flatter sur sa docilité et son obéissance. Orgon tente de faire dire à Mariane qu'elle aime Tartuffe, mais face à son incompréhension horrifiée, il finit par annoncer brutalement sa décision. Elle épousera Tartuffe. La jeune fille, habituée à obéir, est tellement stupéfaite qu'elle ne peut que balbutier son incrédulité. Elle tente faiblement de protester mais Orgon coupe court. Sa décision est irrévocable. Cette scène ouvre l'acte II sur le coup de théâtre attendu. Orgon veut marier sa fille à Tartuffe, brisant ainsi sa promesse à Valère et révélant l'ampleur de son aveuglement.
  • Scène 2 : L'intervention de Dorine
    La servante intervient dans la conversation, feignant d'abord l'incrédulité face au projet de mariage, espérant qu'Orgon plaisante. S'ensuit un affrontement verbal savoureux entre Orgon et Dorine où elle utilise tous les arguments possibles; Tartuffe est un gueux, sa fausse noblesse ne va pas avec sa piété, un mari imposé fait des femmes infidèleset la menace voilée de cocuage Face aux menaces d'Orgon qui veut la faire taire, Dorine use de malice en prétendant "se parler à elle-même", continuant ainsi ses critiques. Orgon, sur le point de la gifler, n'arrive pas à la prendre en défaut. Excédé par l'insolence de Dorine et incapable de la faire taire, Orgon sort prendre l'air, laissant Mariane sans avoir obtenu son consentement. Cette scène comique montre le courage et l'intelligence de Dorine qui ose tenir tête au maître de maison pour défendre les intérêts de Mariane.
  • Scène 3 : Dorine reproche sa passivité à Mariane
    Seule avec Mariane, Dorine lui reproche sa passivité face à son père. Elle l'incite à se défendre et à affirmer ses sentiments. La jeune fille se sent incapable de s'opposer à l'autorité paternelle. Elle avoue aimer passionnément Valère mais menace de se tuer plutôt que d'épouser Tartuffe. Face à cette passivité, Dorine feint d'abandonner Mariane et fait l'éloge ironique de Tartuffe ("ses oreilles rouges et son teint fleuri") et de la vie provinciale médiocre qui l'attend. Cette tactique fonctionne : Mariane supplie son aide. Dorine cède finalement et promet d'aider Mariane, juste au moment où Valère arrive. Cette scène montre le contraste entre la faiblesse de Mariane et l'intelligence combative de Dorine, qui use de psychologie pour pousser sa maîtresse à réagir.
  • Scène 4 : Le dépit amoureux de Valère et Mariane
    Valère arrive et apprend le projet de mariage avec Tartuffe. S'ensuit une scène de dépit amoureux classique où les deux amants, blessés et orgueilleux, feignent l'indifférence. Mariane dit ne pas savoir quoi faire, Valère lui conseille ironiquement d'accepter Tartuffe, et chacun prétend que l'autre veut rompre. La dispute s'envenime, chacun menaçant de trouver quelqu'un d'autre. Valère fait mine de partir plusieurs fois, espérant être retenu, mais Mariane reste sur sa fierté. Après les avoir laissés se quereller pour voir "jusqu'où ça irait", Dorine intervient comme médiatrice. Elle court de l'un à l'autre, les empêche de partir et les force à se réconcilier en leur faisant comprendre qu'ils s'aiment. Les amants se réconcilient, Mariane jure de n'épouser que Valère. Dorine doit les chasser car ils ne veulent plus se quitter. Cette scène clôt l'acte II sur une note d'espoir avec un plan de résistance organisé.

Acte 3

  • Scène 1 : La colère de Damis
    L'acte III s'ouvre sur Damis furieux du projet de mariage entre sa sœur et Tartuffe. Il menace de faire un esclandre et veut affronter directement Tartuffe. La servante tente de le calmer en rappelant que rien n'est encore fait et qu'il y a loin entre les paroles et les actes. Dorine révèle qu'Elmire a convoqué Tartuffe pour le sonder sur ce projet de mariage. Elle suggère même que Tartuffe pourrait avoir des sentiments pour Elmire, ce qui serait un atout. Malgré les conseils de Dorine, Damis insiste pour assister à l'entretien. Dorine, connaissant son tempérament impulsif, refuse catégoriquement et lui demande de sortir. La scène se termine sur l'arrivée imminente de Tartuffe. Damis est contraint de se retirer (ou de se cacher), laissant place à la confrontation entre Elmire et Tartuffe. Cette courte scène prépare le face-à-face crucial entre Elmire et Tartuffe qui va suivre.
  • Scène 2 : La première apparition de Tartuffe
    Après deux actes d'attente, Tartuffe apparaît enfin. Il joue immédiatement la comédie de la sainteté en demandant à Laurent de ranger ses instruments de pénitence (cilice et fouet) et annonce partir faire la charité aux prisonniers. Face à Dorine, Tartuffe joue le pudibond en lui demandant de couvrir son décolleté qui lui donne des "pensées coupables". Dorine répond avec ironie qu'elle pourrait le voir nu sans être tentée. Dès que Dorine annonce qu'Elmire veut lui parler, Tartuffe change complètement d'attitude et devient empressé ("Hélas ! très volontiers"), confirmant les soupçons de Dorine sur ses sentiments pour Elmire. Il demande avec empressement si Elmire arrive bientôt, trahissant son intérêt pour elle. Cette scène courte mais essentielle révèle d'emblée l'hypocrisie de Tartuffe : fausse piété, pruderie excessive cachant des désirs, et intérêt suspect pour Elmire.
  • Scène 3 : La séduction de Tartuffe
    Seul avec Elmire, Tartuffe abandonne rapidement son masque de piété. Il commence par des compliments dévots puis devient de plus en plus entreprenant physiquement (il lui serre la main, touche sa robe, sa dentelle). Tartuffe fait une longue déclaration passionnée à Elmire, mélangeant vocabulaire religieux et désir charnel. Il justifie son amour en prétendant voir en elle l'œuvre de Dieu, transformant sa concupiscence en dévotion. Pour convaincre Elmire, Tartuffe oppose les amants bavards de la cour qui se vantent de leurs conquêtes aux dévots comme lui qui gardent le secret, offrant "l'amour sans scandale et le plaisir sans peur". Elmire, gardant son sang-froid, menace subtilement de tout révéler à Orgon. Puis elle propose un marché : elle gardera le silence si Tartuffe soutient le mariage de Mariane avec Valère et renonce à elle. Cette scène capitale révèle la vraie nature de Tartuffe : un hypocrite lubrique qui utilise la religion pour masquer ses désirs. Le piège d'Elmire semble fonctionner.
  • Scène 4 : Damis révèle ce qu'il a entendu
    Damis surgit de sa cachette - il a tout entendu de la déclaration de Tartuffe à Elmire. Il voit là une occasion providentielle de démasquer l'hypocrite. Elmire tente de calmer Damis, lui rappelant qu'elle a promis de ne rien dire et qu'elle préfère éviter les scandales. Elle affirme qu'une femme sage garde pour elle ces sottises sans en troubler son mari. Damis refuse catégoriquement. Damis considère cette occasion comme un don du ciel. Il serait fou de ne pas s'en servir pour ouvrir enfin les yeux de son père. Damis annonce qu'il va "vider l'affaire" sur-le-champ. Cette courte scène de transition prépare le coup de théâtre : la confrontation entre Damis, Tartuffe et Orgon qui va suivre.
  • Scène 5 : L'accusation de Damis devant Orgon
    Devant Orgon qui vient d'arriver, Damis révèle immédiatement ce qu'il a entendu. Il accuse Tartuffe d'avoir fait une déclaration d'amour à Elmire, présentant cela comme une trahison et un déshonneur pour son père qui a tant fait pour Tartuffe. Elmire tente de minimiser l'affaire. Elle affirme qu'une femme ne doit pas troubler son mari avec ces "vains propos", que l'honneur d'une femme consiste à savoir se défendre seule, et reproche doucement à Damis son intervention. Cette courte scène met en place le conflit entre Damis qui veut absolument révéler la vérité pour sauver son père et Elmire qui préfère gérer la situation discrètement sans scandale. La scène prépare la confrontation cruciale qui va suivre, où Orgon devra choisir entre croire son fils ou Tartuffe.
  • Scène 6 : Le retournement de situation
    Face à l'accusation, Tartuffe adopte une stratégie géniale : il s'accuse lui-même de tous les péchés, se traite de scélérat et demande à être chassé. Cette fausse humilité convainc totalement Orgon. Orgon prend immédiatement parti pour Tartuffe contre son propre fils. Il traite Damis de menteur et de traître, menaçant même de violence physique ("je te romprai les bras"). Orgon interprète la dénonciation comme un complot familial contre Tartuffe. Par esprit de contradiction, il décide de chasser Damis de la maison, de le déshériter et de le maudire. Tartuffe, l'hypocrite joue parfaitement son rôle, demandant grâce pour Damis et s'agenouillant, ce qui ne fait qu'augmenter l'admiration d'Orgon. Cette scène capitale montre le génie manipulateur de Tartuffe qui retourne complètement la situation à son avantage, et l'aveuglement total d'Orgon qui sacrifie son propre fils.
  • Scène 7 : Tartuffe devient l'héritier
    Seul avec Orgon, Tartuffe joue la comédie de la souffrance, prétendant être au bord de la mort à cause de l'ingratitude de Damis. Il feint de vouloir partir pour éviter d'autres conflits. Orgon, complètement manipulé, supplie Tartuffe de rester. Pour prouver sa confiance et défier sa famille, il prend des décisions extrêmes. Tartuffe devient l'unique héritier d'Orgon (déshéritant ainsi toute la famille) et il deviendra son gendre en épousant Mariane. Orgon va immédiatement faire rédiger l'acte de donation Tartuffe accepte avec une fausse humilité. L'acte III se termine sur le triomphe apparent de Tartuffe qui a réussi à retourner complètement la situation à son avantage.

Acte 4

  • Scène 1 : Cléante démonte l'hypocrisie de Tartuffe
    Dans cette joute verbale magistrale, Cléante démonte méthodiquement l'hypocrisie de Tartuffe. Tartuffe multiplie les faux-fuyants religieux et accepte l'héritage "pour éviter qu'il tombe en de mauvaises mains". Cléante, avec une logique implacable et une ironie mordante, expose la contradiction fondamentale. Comment un vrai chrétien peut-il invoquer Dieu pour refuser le pardon et voler un héritage ? Acculé, Tartuffe s'échappe lâchement en prétextant ses prières. Cette scène révèle l'intelligence lucide de Cléante, seul personnage capable d'affronter Tartuffe sur le terrain théologique, mais aussi l'habileté rhétorique du faux dévot qui manie la casuistique religieuse pour justifier sa cupidité.
  • Scène 2 : Dorine mobilise les alliés
    Scène-charnière très brève où Dorine intercepte Cléante après son échec avec Tartuffe. Dorine mobilise les alliés, proposant d'unir leurs forces "par la force ou la ruse" contre Orgon qui arrive.
  • Scène 3 : Orgon arrive avec le contrat de mariage
    Orgon arrive triomphant avec le contrat de mariage, sourd aux supplications désespérées de Mariane qui préfère le couvent. Sa tyrannie paternelle teintée de fanatisme religieux (le mariage comme "pénitence") fait taire brutalement tous ceux qui tentent d'intervenir. Face à cet aveuglement obstiné où Orgon accuse même sa femme de protéger Damis, Elmire passe à l'offensive. La scène bascule du pathétique au stratégique quand Elmire, excédée d'être traitée de menteuse, défie Orgon de lui prouver son erreur. C'est un tournant dramatique majeur. L'épouse prend le contrôle pour sauver Mariane et démasquer l'imposteur, comptant sur "l'amour qui rend aveugle et la vanité" de Tartuffe pour le perdre. Le piège se referme.
  • Scène 4 : Elmire prépare son piège
    Elmire met en place son piège avec une efficacité redoutable. Elle fait cacher Orgon sous la table malgré son scepticisme. Avant l'arrivée de Tartuffe, elle prévient son mari qu'elle devra feindre de céder aux avances du faux dévot pour le démasquer. Le pacte est clair et révèle l'intelligence tactique d'Elmire. Cette préparation minutieuse montre Elmire comme une stratège qui sacrifie sa pudeur pour sauver sa famille, tout en protégeant son honneur par ce contrat préalable avec son mari.
  • Scène 5 : Elmire démasque Tartuffe
    Scène magistrale où Elmire démasque enfin Tartuffe devant Orgon caché sous la table. Elle feint de céder à ses avances, prétextant que son trouble lors de la scène avec Damis prouvait ses sentiments cachés. Tartuffe, méfiant puis conquis, exige des "preuves concrètes" de cet amour. Le moment clé survient quand Elmire invoque les scrupules religieux. Tartuffe révèle alors son cynisme absolu avec sa théorie de la casuistique - "pécher en silence n'est pas pécher", "l'intention pure justifie l'acte". Tartuffe pousse l'arrogance jusqu'à se vanter de manipuler Orgon "par le bout du nez", affirmant qu'il pourrait les voir ensemble sans que le mari ne croie rien. Cette hubris scelle sa perte - l'hypocrite s'est totalement dévoilé.
  • Scène 6 : La vengeance d'Elmire
    Intermède savoureux où Elmire retourne contre Orgon sa propre obstination. Alors qu'il sort enfin de sous la table, horrifié par ce qu'il vient d'entendre ("Quel monstre !"), elle feint ironiquement de douter : "Retourne sous la table, ne te fie pas aux apparences !" Cette brève scène est un chef-d'œuvre d'ironie dramatique où Elmire, avec une satisfaction évidente, utilise les propres arguments qu'Orgon lui opposait quelques minutes plus tôt. Elle savoure sa victoire tout en préparant le retour de Tartuffe pour l'humiliation finale. L'inversion est totale, c'est maintenant Orgon qui croit immédiatement tandis qu'Elmire joue la sceptique, vengeance subtile d'une épouse qui a enfin prouvé qu'elle avait raison.
  • Scène 7 : Tartuffe révèle sa vraie nature
    Le coup de théâtre final de l'acte. Tartuffe revient, triomphant ("Parfait, personne !"), pour être confronté par Orgon qui surgit, enfin détrompé. Mais au moment où l'on s'attend à voir l'hypocrite confondu et chassé, Tartuffe retourne brutalement la situation. Le masque tombe complètement, fini le faux dévot mielleux, place au maître-chanteur. "Cette maison est à moi !" - il révèle qu'il détient la donation d'Orgon et menace de "détruire" la famille en invoquant cyniquement le Ciel qu'il prétend venger. L'acte se termine sur cette inversion terrifiante. C'est Tartuffe qui ordonne à Orgon de sortir de sa propre maison. L'imposteur démasqué devient le prédateur qui montre ses crocs, transformant la victoire apparente d'Elmire en catastrophe familiale.
  • Scène 8 : La catastrophe se révèle
    Scène de transition où l'ampleur de la catastrophe se révèle progressivement. Elmire, désorientée par les menaces de Tartuffe, découvre avec effroi qu'Orgon a signé une donation de tous ses biens. Mais le pire est à venir, Orgon mentionne une mystérieuse "cassette" qui l'inquiète encore plus que la perte de sa fortune. Cette fin d'acte maintient le suspense tout en montrant l'effondrement d'Orgon qui réalise enfin l'étendue de sa naïveté. Le piège s'est refermé sur celui qui croyait piéger. Tartuffe tient la famille par deux moyens - la donation légale et cette cassette dont on pressent qu'elle contient quelque chose de compromettant.L'urgence ("Vite, vérifions") annonce que le danger est imminent et que la situation est peut-être irréversible.

Acte 5

  • Scène 1 : La cassette compromettante
    L'acte s'ouvre sur la panique d'Orgon qui révèle l'ampleur du piège. La cassette contient des papiers compromettants de son ami Argas, exilé politique, qu'il a naïvement confiés à Tartuffe sur ses conseils "pour pouvoir nier sans mentir". Double trahison donc - envers l'État et envers un ami. Face à l'effondrement d'Orgon qui bascule dans l'autre extrême ("Je hais tous les dévots !"), Cléante reste la voix de la sagesse. Dans une tirade magistrale sur la modération, il dénonce la tendance d'Orgon aux excès, d'une confiance aveugle à une haine généralisée. Sa leçon finale résonne comme la morale de la pièce : distinguer la vraie vertu de l'apparence, éviter les jugements hâtifs, et si l'on doit se tromper, "mieux vaut pécher par excès de confiance" que de cynisme. Cléante incarne la raison face aux passions destructrices d'Orgon.
  • Scène 2 : Le retour explosif de Damis
    Retour explosif de Damis qui apprend la trahison de Tartuffe. Sa réaction est immédiate et violente. "Je vais le tuer !" Le jeune homme bouillant veut venger son père par la force, proposant de "couper les oreilles" de l'imposteur. Cléante intervient encore comme la voix de la raison, rappelant que la violence est dangereuse sous le règne du roi. Cette courte scène montre le contraste entre l'impulsivité de Damis - qui avait déjà tout gâché en attaquant frontalement Tartuffe - et la sagesse de Cléante qui comprend que la solution doit venir du droit et non de la force. L'ironie est que Damis, chassé pour avoir dit la vérité, revient au moment où son père reconnaît enfin qu'il avait raison.
  • Scène 3 : L'aveuglement de Madame Pernelle
    Scène d'une ironie cruelle où Madame Pernelle refuse obstinément de croire à la culpabilité de Tartuffe, reproduisant exactement l'aveuglement de son fils. Face aux explications désespérées d'Orgon ("J'ai VU de mes yeux !"), elle répète les mêmes arguments qu'il utilisait : "les apparences sont trompeuses", "la vertu est persécutée". Dorine savoure sa revanche ("Vous ne vouliez rien croire, on ne vous croit pas") tandis qu'Orgon expérimente la frustration qu'il a fait subir aux autres. Pendant cette perte de temps comique, Cléante rappelle l'urgence du danger réel. Tartuffe détient les moyens légaux de les détruire. L'arrivée d'un visiteur mystérieux interrompt la scène, ajoutant à la tension. Cette scène mêle brillamment comédie (l'entêtement absurde de la mère) et menace tragique (la famille est véritablement en péril).
  • Scène 4 : L'arrivée de Monsieur Loyal
    Scène d'une ironie féroce avec l'arrivée de Monsieur Loyal, huissier au nom prédestiné. Sous des manières mielleuses ("pour votre bien"), il vient expulser la famille. L'hypocrisie atteint son sommet quand il prétend leur rendre service. Il restera dormir chez eux avec dix hommes pour s'assurer qu'ils partent le lendemain, tout en affirmant être "indulgent". Face à cette violence légale déguisée en politesse, la famille explose. Damis et Orgon veulent le frapper, Dorine ironise sur son nom. Mais ils sont impuissants face à la loi que Tartuffe a retournée contre eux. Cette scène montre le triomphe apparent du mal qui utilise les apparences de la civilité et de la légalité pour détruire. L'huissier incarne la perversion d'un système où l'hypocrisie triomphe par les voies légales. La famille est au bord de la catastrophe totale.
  • Scène 5 : Madame Pernelle enfin convaincue
    Scène très courte mais savoureuse. Madame Pernelle est enfin convaincue par l'évidence de l'expulsion ("Je n'en reviens pas"). Dorine, avec une ironie mordante, reprend les arguments dévots pour tourner en ridicule l'aveuglement passé d'Orgon. Orgon, excédé, lui renvoie son propre "Taisez-vous". Pendant que la famille savoure cette petite revanche, Cléante reste pratique et propose de chercher une solution légale. Elmire garde espoir. Cette courte transition montre la famille qui se ressaisit après le choc, entre ironie amère et recherche de solutions.
  • Scène 6 : Valère annonce la fuite nécessaire
    Valère arrive en urgence pour révéler que Tartuffe a dénoncé Orgon au roi comme traître d'État en remettant la cassette compromettante. L'hypocrite utilise maintenant le crime de haute trahison pour détruire définitivement son bienfaiteur et s'approprier légalement ses biens. Plus cynique encore, c'est Tartuffe lui-même qui guidera les gardes pour l'arrestation. Face à cette catastrophe totale, Valère se révèle le sauveur providentiel : carrosse prêt, argent pour la fuite, dévouement total à sa future belle-famille. L'urgence est absolue ("Il faut fuir maintenant !"). La scène s'achève sur les adieux précipités d'Orgon qui doit abandonner tout pour sauver sa vie. Le piège de Tartuffe semble avoir parfaitement fonctionné - la famille est détruite, Orgon va devenir un fugitif. C'est le moment le plus noir de la pièce.
  • Scène 7 : Le dénouement royal
    Le coup de théâtre final. Tartuffe arrive triomphant avec l'officier royal pour arrêter Orgon, jouant jusqu'au bout son rôle de serviteur zélé du roi ("Je sacrifierais tout pour lui !"). Mais le retournement est spectaculaire : c'est lui que l'officier arrête ! Le roi omniscient (allégorie de Louis XIV) a tout vu, tout compris. Il connaissait déjà Tartuffe comme criminel sous un autre nom et l'a laissé aller au bout de sa trahison pour mieux le confondre. Dans un geste de justice parfaite, le roi annule la donation, pardonne Orgon pour la cassette compromettante, et récompense ses services passés. Cléante, fidèle à lui-même, empêche Orgon de s'acharner sur le vaincu et prêche le pardon chrétien. La pièce se termine sur une double célébration : la reconnaissance envers le roi justicier et l'annonce du mariage de Mariane avec Valère. Le dénouement "deus ex machina" par l'intervention royale résout tout : Molière flatte Louis XIV tout en délivrant sa morale - la vraie justice divine (incarnée par le roi) triomphe toujours de l'hypocrisie religieuse.