Les personnages principaux

Angélique

Angélique

Angélique est amoureuse de Cléante et veut l'épouser. Elle s'oppose au souhait de son père Argan qui veut la marier avec Thomas Diafoirus, médecin. Elle se méfie aussi de sa belle-mère Béline qu'elle soupçonne convoiter la richesse de son père. Elle décline à Toinette son amour pour Cléante dans la scène 4 de l'acte premier: « Ne trouves-tu pas, Toinette, qu’il est bien fait de sa personne ? » (I.4.88) Puis refuse de se marier avec Thomas Diafoirus dans la scène 6 du second acte. « C’est un méchant moyen de se faire aimer de quelqu’un que de lui faire violence » (II.6.479) « Le devoir d’une fille a des bornes, Madame, et la raison et les lois ne l’étendent point à toutes sortes de choses. » (II.6.492)

Argan

Argan

Argan, l'hypocondriaque, personnage principal du Malade imaginaire. Il veut marier sa fille Angélique à un médecin. Peu lui importe les sentiments de sa fille, son but étant d'avoir un médecin dans sa famille qui pourra le soigner. Intransigeant comme tous les personnages du même type de Molière, il brille par sa crédulité vis à vis des médecins et par ses traits paranoïaques : méfiance, amour de l’argent, irascibilité, revendications, troubles de l’affect. Enfant capricieux au début de la pièce lorsqu'il panique quand toinette ne répond pas à ses coups de sonnettes. « Drelin, drelin, drelin; carogne, à tous les diables ! Est-il possible qu’on laisse comme cela un pauvre malade tout seul ? » (I.1.26) Il est aussi infantilisé par sa femme. Il est obsédé par la prise de lavements pour évacuer les humeurs de ses entrailles renforçant le lien avec le stade anal de la petite enfance selon Freud. Sa maladie ne connaît pas de diagnostic et varie au gré des interprétations des médecins, tantôt la rate, tantôt le foie, le sang, etc … mais en bon hypocondriaque il s'accroche à sa maladie. « Comment, coquine, si je suis malade ? si je suis malade, impudente ? » (I.5.148).

Béline

Béline

Béline est la seconde femme d'argan. Elle veut écarter Angélique en l'envoyant au couvent pour hériter de la richesse de son mari et pouvoir en hériter. Elle traite Argan comme un enfant « Qu’est-ce que c’est donc qu’il y a, mon petit fils ? » (1.6.226); « Pauvre petit fils. » (I.6.265); prétends l'aimer profondément « Ah ! Monsieur, vous ne savez pas ce que c’est qu’un mari qu’on aime tendrement. » (I.7.290), mais son véritable visage apparaît au grand jour quand à la fin de la pièce Argan fait semblant d'être mort. « Un homme incommode à tout le monde, malpropre, dégoûtant, sans cesse un lavement ou une médecine dans le ventre, mouchant, toussant, crachant toujours, sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur, … » (III.12.893)

Béralde

Béralde

Si le frère d'Argan défend sa nièce contre le projet de mariage d'Argan « pour le choix d’un gendre, il ne vous faut pas suivre aveuglément la passion qui vous emporte, et qu’on doit, sur cette matière, s’accommoder un peu à l’inclination d’une fille, puisque c’est pour toute la vie, et que de là dépend tout le bonheur d’un mariage. » (III.3.682), et essaie de convaincre son frère que sa maladie n'est qu'imaginaire, « Est-il possible que … vous vouliez être malade en dépit des gens et de la nature ? » (III.3.642), sa principale fonction est de s'opposer à la médecine et aux médecins qu'il considère comme des ignorants qui ne peuvent rien contre les maladies. « Dans les discours et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes que vos grands médecins. Entendez-les parler; les plus habiles gens du monde; voyez-les faire; les plus ignorants de tous les hommes.». Selon Béralde, pour guérir, il suffit de laisser faire la nature « Il ne faut que demeurer en repos. La nature, d’elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. » (III.3.664).

Cléante

Cléante

Cléante incarne le jeune amoureux, personnage courant des pièces de Molière. Il se fait passer pour le professeur de musique d'Angélique pour s'introduire chez Argan et en profite pour improviser une scène d'opéra entre un berger et une bergère, miroir de leur propre situation.

Thomas Diafoirus

Thomas Diafoirus

Thomas Diafoirus est un personnage hautement comique dont le ridicule vient de son amour-propre sans limite. Moliere le dépeint tout de suite comme un stupide par cette réplique célèbre : « Baiserai-je ? » (II.5.298). Récemment diplômé médecin, il veut épouser Angélique mais réussit à la dégoûter en quelques mots. « .. je vous invite à venir voir l’un de ces jours, pour vous divertir, la dissection d’une femme .. » (II.5.418) Son orgueil n'a d'égale que sa sottise. Il confond Béline avec Angélique, « Madame, c’est avec justice que le Ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l’on… » (II.5.400) se pose en adversaire du progrès « J’ai contre les circulateurs soutenu une thèse, qu’avec la permission de Monsieur, j’ose présenter à Mademoiselle, comme un hommage que je lui dois des prémices de mon esprit.» (II.5.415) et invente avec une totale conviction des propos médicaux pompeux et sans fondements. « Ce qui marque une intempérie dans le parenchyme splénique, c’est-à-dire la rate.» (II.5.521)

Toinette

Toinette

Le personnage de Toinette, servante de Béline, est central. Il incarne à la fois la dimension comique et la voix de la raison. Ses nombreuses répliques sarcastiques, échos des propos des autres personnages,qu'il faut comprendre au deuxième degré forment le principal ressort comique de la pièce. Elle défend la raison face à l'égoïsme et la crédulité d'Argan, conforte la critique des médecins charlatans en se faisant passer pour l'un d'entre eux et défend une idée du mariage qui repose sur l'amour et non l'intérêt matériel. Tout au long de la pièce elle va s'affronter à Argan et le sermonner pour essayer de le remettre sur le chemin de la raison.

Les personnages secondaires

Louison

Louison

La fille cadette d'Argan et soeur d'Angélique. Menacée du fouet par son père, elle finie par lui avouer que sa soeur Angélique à reçu une visite galante de Cléante dans sa chambre. « C’est, mon papa, qu’il est venu un homme dans la chambre de ma sœur comme j’y étois. » (II.8.578)

Monsieur Diafoirus

Monsieur Diafoirus

Le père de Thomas Diafoirus, introduit le personnage de son fils par une description sans équivoque. « Lorsqu’il étoit petit, il n’a jamais été ce qu’on appelle mièvre et éveillé. On le voyoit toujours doux, paisible, et taciturne, ne disant jamais mot, et ne jouant jamais à tous ces petits jeux que l’on nomme enfantins. On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire, et il avoit neuf ans, qu’il ne connoissoit pas encore ses lettres. » (II.5.412) . Puis, en écho à Sganarelle qui se réjouit que les morts ne se plaignent jamais de leur médecin, Monsieur Diafoirus avoue préférer éviter de soigner les puissants car « … ce qu’il y a de fâcheux auprès des grands, c’est que, quand ils viennent à être malades, ils veulent absolument que leurs médecins les guérissent. » (II.5.422) avouant implicitement l'inefficacité de ses remèdes.

Monsieur Fleurant

Monsieur Fleurant

Pharmacien d'Argan, il prépare ses « clystères »

Monsieur Purgon

Monsieur Purgon

Le médecin traitant d'Argan se vexe lorsque celui-ci, sous la pression de son frère Béralde, lui fait l'affront de refuser son traitement. Il le menace alors d'une litanie de troubles digestifs (bradypepsie, dyspepsie, apepsie, lienterie, dysenterie, hydropisie) qui finiront par le mener à la mort en seulement 4 jours (III.5).

Monsieur de Bonnefoy

Monsieur de Bonnefoy

Un notaire, chargé de faciliter la donation des richesses d'Argan à sa femme Béline.

Le Malade Imaginaire

Argan, conscient que sa maladie a des origines plus profondes, assume son identité de « malade imaginaire ». La validation de sa maladie dépend de mises en scène impliquant son entourage. Sa tendance hypocondriaque se manifeste par un attachement aux mots plutôt qu’aux expériences réelles, illustré par son insistance pour que son futur gendre maîtrise le Grec et le Latin.

Des traits paranoïaques tels que la méfiance, l’avarice, et une homosexualité latente se révèlent chez Argan. Son comportement anal, illustré par la vérification minutieuse des factures de son apothicaire, souligne la comédie présente dans la pièce.

Argan révèle une dimension homosexuelle en planifiant le mariage de sa fille avec Monsieur Purgon, exprimant ainsi une identification projective où il projette sa maladie sur le médecin pour ensuite en tirer des bénéfices personnels. Son désir de « se marier » avec le mari de sa fille est une tentative d’entendre le discours médical de l’intérieur, révélant des fantasmes homosexuels centrés sur lui-même.

Dès le début de la pièce, une névrose d’angoisse chez Argan souligne une angoisse profonde et suggère une souffrance d’abandon dans son enfance. L’hypocondrie, objet de rires pour le public, provoque des larmes chez Argan. Son comportement oscille entre paranoïa, manipulations, plaintes, demandes de secours, sexualité, et régression infantile. La pièce illustre de manière poignante la complexité de l’hypocondrie, qui peut aller de la psychopathologie quotidienne à la psychose profonde, selon Molière.

Lire notre interview exclusive d’Argan et de Toinette faite un soir d’automne dans l’Illustre Théâtre du faubourg Saint-Germain.