Sganarelle

Sganarelle est le héros de cette farce de Molière. C'est un bûcheron pauvre et rusé qui devient médecin par la force des choses - littéralement, puisque sa femme Martine le fait passer pour médecin après qu'il l'a battue. Une belle vengeance qui va le mettre dans des situations impossibles.

Sganarelle nous fait rire parce qu'il improvise complètement son rôle de médecin. Il invente un latin de cuisine ridicule ("Cabricias arci thuram"), donne des diagnostics absurdes et prescrit des remèdes farfelus. Mais il le fait avec tant d'assurance que tout le monde y croit.

Au début, Sganarelle refuse d'être médecin. On le frappe jusqu'à ce qu'il accepte. Puis, découvrant qu'on le paie bien et qu'on le respecte, il prend goût à l'imposture. Il profite de la crédulité des gens, mais sans vraie méchanceté.

À travers Sganarelle, Molière se moque des vrais médecins de son temps. Le faux médecin n'est pas plus ridicule que les vrais avec leurs grandes robes et leur latin incompréhensible. Quand Sganarelle dit que "le poumon" est la cause de tous les maux, il parodie les explications simplistes des médecins.

Sganarelle représente le bon sens populaire face aux puissants. Bûcheron devenu médecin, il montre que l'habit fait le moine : avec une robe de médecin, n'importe qui peut impressionner. C'est une revanche comique du petit peuple sur les élites.

Sganarelle est un cadeau pour les acteurs : il permet tous les jeux de scène, toutes les grimaces, tous les excès comiques. Il passe de la peur à l'arrogance, de la lâcheté au courage intéressé. C'est un personnage physique, qui parle avec son corps autant qu'avec ses mots.

Le génie de Molière est d'avoir créé un personnage à la fois ridicule et attachant. On rit de Sganarelle mais on l'aime bien - après tout, il ne fait de mal à personne et permet même à Lucinde de retrouver la parole pour épouser celui qu'elle aime.

Le personnage de Sganarelle pose une question simple : L'habit fait-il vraiment le moine ?
ou dit autrement: suffit-il de paraître savant pour être cru ?

Géronte

Père de Lucinde, Géronte représente l'autorité paternelle et la richesse. Il veut forcer sa fille à épouser un homme qu'elle n'aime pas. Sa crédulité face au faux médecin est totale : il gobe toutes les absurdités de Sganarelle.

À travers Géronte, Molière se moque des pères tyranniques et des bourgeois prétentieux. Malgré son argent et son autorité, il se fait complètement duper par un simple bûcheron.

Jacqueline

Nourrice chez Géronte et femme de Lucas. Elle insiste auprès de Géronte pour que Lucinde fasse un mariage d'amour plutôt que d'argent: «le bonheur est plus important que l'argent dans le mariage.». Draguée lourdement par Sganarelle, elle refuse ses avances mais lui fait comprendre qu'elle n'aime pas son mari Lucas.

Léandre

Amoureux de Lucinde qu'il n'ose demander en marriage à Géronte car il n'est pas assez riche. Il demande l'aide de Sganarelle pour convaincre Géronte. Il se déguise en apothicaire (pharmacien) pour approcher sa bien-aimée. À la fin de la pièce, il hérite de son oncle et peut enfin demander la main de Lucinde.

Jeune homme, beau gosse, dans certaines pièces stupide et vaniteux, Léandre incarne le personnage type de l’amoureux de la commedia dell'arte.

Lucinde

Lucinde est la fille de Géronte

Lucinde fait semblant d'être muette pour éviter d'épouser Horace que son père veut qu'elle épouse. C'est une forme de résistance passive mais efficace. Elle comprend immédiatement que Sganarelle est un imposteur et joue le jeu.

Elle est amoureuse de Léandre et trouve en Sganarelle un allié inattendu. Son stratagème montre qu'elle est aussi maligne que les autres personnages.
Une fois que la supercherie de sa fausse maladie est découverte, elle reste ferme face à Géronte. «je préférerais entrer dans un couvent plutôt que d'épouser un homme que je n'aime pas.» (III.6.336)

Martine

Martine est la femme de Sganarelle. Elle ne lui pardonne pas de l'avoir battue et va se venger en convaincant Valère et Lucas, serviteurs de Géronde, que Sganarelle est un grand médecin, ce qui entraîne des quiproquos et des situations humoristiques tout au long de la pièce. Martine est donc à l'origine de la confusion qui donne lieu aux événements comiques de l'histoire. A la fin de la pièce, Elle refuse de lui pardonner alors que Sganarelle va être pendu.

Martine est bien plus qu'une simple épouse battue. C'est elle qui met toute la machine comique en mouvement. Sa vengeance est parfaitement calculée. Elle connaît son mari - sa vanité, son goût pour l'argent - et sait qu'une fois lancé dans l'imposture, il ne pourra plus s'arrêter. C'est une manipulatrice habile qui retourne la violence de son mari contre lui.

Lucas

Domestique de Géronde, et mari de Jacqueline. Il est jaloux lorsque celle-ci se fait draguer par Sganarelle.

M. Robert

Voisin de Sganarelle, qui essaye de s'interposer quand il bat sa femme Martine.

Perrin

Un paysan, fils de Thibault qui croise Sganarelle et lui demande un remède pour sa mère qui est mourrante.

Thibaut

Un paysan, père de Perrin.

Valère

Un homme simple, domestique de Géronde