Version Moderne
Version Originale
Monsieur, voici votre fille qui veut se promener un peu.
Monsieu, velà votre fille qui veut un peu marcher.
Ça lui fera du bien. Allez-y, Monsieur l'apothicaire, prenez son pouls pour que je puisse discuter de sa maladie avec vous plus tard.
(Il emmène Géronte à un coin de la scène, passe son bras autour de ses épaules et lui rabat la main sous le menton, le faisant ainsi se retourner vers lui quand il veut regarder ce que sa fille et l'apothicaire font ensemble, tout en lui tenant le discours suivant pour le divertir.)
Monsieur, c'est une question importante et complexe parmi les savants de savoir si les femmes sont plus faciles à guérir que les hommes. Je vous prie d'écouter ceci, s'il vous plaît. Certains disent que non, d'autres disent que oui; et moi, je dis oui et non. Parce que l'incompatibilité des humeurs sombres qui se rencontrent dans la nature des femmes fait que la partie brutale veut toujours prendre le dessus sur la partie sensible, on voit que l'inégalité de leurs opinions dépend du mouvement oblique de la lune; et, comme le soleil, qui envoie ses rayons sur la surface de la terre, trouve...
Cela lui fera du bien. Allez-vous-en, Monsieur l'apothicaire, tâter un peu son pouls, afin que je raisonne tantôt avec vous de sa maladie.
(En cet endroit, il tire Géronte à un bout du théâtre, et, lui passant un bras sur les épaules, lui rabat la main sous le menton, avec laquelle il le fait retourner vers lui lorsqu'il veut regarder ce que sa fille et l'apothicaire font ensemble, lui tenant cependant le discours suivant pour l'amuser.)
Monsieur, c'est une grande et subtile question entre les doctes, de savoir si les femmes sont plus faciles à guérir que les hommes. Je vous prie d'écouter ceci, s'il vous plaît. Les uns disent que non, les autres disent que oui; et moi, je dis que oui et non. D'autant que, l'incongruité des humeurs opaques qui se rencontrent au tempérament naturel des femmes étant cause que la partie brutale veut toujours prendre empire sur la sensitive, on voit que l'inégalité de leurs opinions dépend du mouvement oblique du cercle de la lune; et, comme le soleil, qui darde ses rayons sur la concavité de la terre, trouve...
Non, je ne suis pas du tout capable de changer d'avis.
Non, je ne suis point du tout capable de changer de sentiments.
Voilà ma fille qui parle! Ô grande vertu du remède! Ô médecin admirable! Je vous suis très reconnaissant, Monsieur, pour cette guérison miraculeuse! Que puis-je faire pour vous après un tel service?
Voilà ma fille qui parle! O grande vertu du remède! ô admirable médecin! Que je vous suis obligé, Monsieur, de cette guérison merveilleuse! Et que puis-je faire pour vous après un tel service?
Cette maladie m'a vraiment donné du fil à retordre!
Voilà une maladie qui m'a bien donné de la peine!
Oui, mon père, j'ai recouvré la parole; mais je l'ai recouvrée pour vous dire que je n'aurai jamais d'autre époux que Léandre, et que c'est inutilement que vous voulez me donner Horace.
Oui, mon père, j'ai recouvré la parole; mais je l'ai recouvrée pour vous dire que je n'aurai jamais d'autre époux que Léandre, et que c'est inutilement que vous voulez me donner Horace.
Rien ne peut me faire changer d'avis.
Rien n'est capable d'ébranler la résolution que j'ai prise.
Vos arguments ne serviront à rien.
Vous m'opposerez en vain de belles raisons.
Tous vos discours ne serviront à rien.
Tous vos discours ne serviront de rien.
J'ai pris ma décision et je suis déterminée.
C'est une chose où je suis déterminée.
Aucune autorité paternelle ne peut me contraindre à me marier malgré moi.
Il n'est puissance paternelle qui me puisse obliger à me marier malgré moi.
Vous avez beau faire tous vos efforts.
Vous avez beau faire tous vos efforts.
Mon cœur ne peut se soumettre à cette tyrannie.
Mon coeur ne sauroit se soumettre à cette tyrannie.
Et je préférerais entrer dans un couvent plutôt que d'épouser un homme que je n'aime pas.
Et je me jetterai plutôt dans un convent que d'épouser un homme que je n'aime point.
Non. En aucun cas. Pas question. Vous perdez votre temps. Je ne ferai rien. C'est décidé.
Non. En aucune façon. Point d'affaire. Vous perdez le temps. Je n'en ferai rien. Cela est résolu.
Ah! quelle impétuosité de paroles! Il n'y a pas moyen d'y résister. Monsieur, je vous prie de la faire redevenir muette.
Ah! quelle impétuosité de paroles! Il n'y a pas moyen d'y résister. Monsieur, je vous prie de la faire redevenir muette.
C'est impossible. Tout ce que je peux faire pour vous aider, c'est de vous rendre sourd, si vous le souhaitez.
C'est une chose qui m'est impossible. Tout ce que je puis faire pour votre service est de vous rendre sourd, si vous voulez.
Merci. Penses-tu donc...
Je vous remercie. Penses-tu donc...
Non, toutes vos raisons ne changeront rien à ma décision.
Non, toutes vos raisons ne gagneront rien sur mon âme.
Tu épouseras Horace dès ce soir.
Tu épouseras Horace dès ce soir.
Je préférerais mourir.
J'épouserai plutôt la mort.
Mon Dieu, arrêtez-vous, laissez-moi régler cette affaire. C'est une maladie qui la touche, et je connais le remède qu'il faut.
Mon Dieu, arrêtez-vous, laissez-moi médicamenter cette affaire. C'est une maladie qui la tient, et je sais le remède qu'il y faut apporter.
Serait-il possible, Monsieur, que vous puissiez aussi guérir cette maladie mentale?
Seroit-il possible, Monsieur, que vous pussiez aussi guérir cette maladie d'esprit?
Oui, laissez-moi faire, j'ai des remèdes pour tout, et notre pharmacien nous aidera pour cette guérison. (Il appelle le pharmacien et lui parle.)
Un instant. Vous voyez que son amour pour Léandre est totalement contraire aux souhaits du père, qu'il n'y a pas de temps à perdre, que les tensions sont très élevées, et qu'il est nécessaire de trouver rapidement un remède à ce mal, qui pourrait s'aggraver avec le temps. Pour moi, je n'en vois qu'un seul, qui est une fuite purgative, que vous préparerez avec deux pilules de mariage. Elle pourrait peut-être hésiter à prendre ce remède, mais comme vous êtes un expert dans votre métier, c'est à vous de la convaincre et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pouvez. Allez la faire faire un petit tour dans le jardin, pour préparer les tensions, pendant que je parlerai ici avec son père; mais surtout, ne perdez pas de temps. Le remède, vite, le remède spécifique.
Oui, laissez-moi faire, j'ai des remèdes pour tout, et notre apothicaire nous servira pour cette cure. (Il appelle l'apothicaire et lui parle.)
Un mot. Vous voyez que l'ardeur qu'elle a pour ce Léandre est tout à fait contraire aux volontés du père, qu'il n'y a point de temps à perdre, que les humeurs sont fort aigries, et qu'il est nécessaire de trouver promptement un remède à ce mal, qui pourroit empirer par le retardement. Pour moi, je n'y en vois qu'un seul, qui est une prise de fuite purgative, que vous mêlerez comme il faut avec deux drachmes de matrimonium en pilules. Peut-être fera-t-elle quelque difficulté à prendre ce remède; mais, comme vous êtes habile homme dans votre métier, c'est à vous de l'y résoudre et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez. Allez-vous-en lui faire faire un petit tour de jardin, afin de préparer les humeurs, tandis que j'entretiendrai ici son père; mais surtout ne perdez point de temps. Au remède, vite, au remède spécifique.