Version Moderne
Version Originale
Holà, ho, Sganarelle.
Holà, ho, Sganarelle.
Comment coquin, tu fuis quand on m’attaque ?
Comment coquin, tu fuis quand on m’attaque ?
Excusez-moi, Monsieur, je viens juste d’ici près, je pense que cet habit est inconfortable, c’est comme prendre un médicament de le porter.
Pardonnez-moi, Monsieur, je viens seulement d’ici près, je crois que cet habit est purgatif, et que c’est prendre Médecine que de le porter.
Quel insolent, au moins cache ta lâcheté avec une excuse plus convenable ; tu sais que celui à qui j’ai sauvé la vie est un homme honnête, il a bien agi, et je regrette d'avoir eu des problèmes avec lui.
Peste soit l’insolent, couvre au moins ta poltronnerie d’un voile plus honnête ; sais-tu bien que celui à qui j’ai sauvé la vie est assez honnête homme, il en a bien usé, et j’ai regret d’avoir du démêlé avec lui.
Vous pourriez facilement arranger les choses.
Il vous serait aisé de pacifier toute chose.
Oui, mais je ne suis plus amoureux de Done Elvire et je ne veux pas m'engager. Tu sais que j'aime la liberté en amour, et je ne veux pas me sentir enfermé. Je me laisse attirer par toutes les belles femmes, et c'est à elles de conquérir mon cœur tour à tour. Mais qu'est-ce que cet imposant édifice entre les arbres ?
Oui, mais ma passion est usée pour Done Elvire et l’engagement ne compatit point avec mon humeur ; j’aime la liberté en amour, tu le sais, et je ne saurais me résoudre à renfermer mon cœur entre quatre murailles, je te l’ai dit vingt fois, j’ai une pente naturelle à me laisser aller à tout ce qui m’attire, mon cœur est à toutes les belles, et c’est à elles à le prendre tour à tour, et à le garder tant qu’elles pourront ; mais quel est le superbe édifice que je vois entre ces arbres.
Vous ne le savez pas ?
Vous ne le savez pas ?
Non, vraiment.
Non vraiment.
C'est le tombeau que le Commandeur faisait construire quand vous l'avez tué.
Bon, c’est le tombeau que le Commandeur faisait faire lorsque vous le tuâtes.
Ah, tu as raison, je ne pensais pas qu'il était de ce côté. Tout le monde m'a parlé en bien de cette œuvre, ainsi que de la statue du Commandeur, et j'ai envie d'aller la voir.
Ah, tu as raison, je ne songeais pas que c’était de ce côté qu’il était, tout le monde m’a dit des merveilles de cet ouvrage, aussi bien que de la statue du Commandeur, et j’ai envie de l’aller voir.
Monsieur, ne vous y rendez pas.
Monsieur, n’allez point là.
Ce n'est pas correct d'aller voir un homme que vous avez tué.
Cela n’est pas civil d’aller voir un homme que vous avez tué.
Au contraire, c'est une visite de politesse que je veux lui faire, et il devrait la recevoir avec grâce s'il est un homme bien élevé ; allons, entrons.
Au contraire, c’est une visite dont je lui veux faire civilité, et qu’il doit recevoir de bonne grâce, s’il est galant homme ; allons, entrons dedans.
Ah, c'est magnifique, ces belles statues, ce beau marbre, ces beaux piliers ! Qu'en pensez-vous Monsieur ?
Ah, que cela est beau, les belles statues ! le beau marbre, les beaux Piliers ! ah, que cela est beau, qu’en dites vous Monsieur ?
C'est incroyable de voir à quel point un homme mort peut pousser son ambition. Ce qui est admirable, c'est qu'il ait voulu une demeure si somptueuse alors qu'il n'en a plus besoin.
Qu’on ne peut voir aller plus loin l’ambition d’un homme mort, et ce que je trouve d’admirable c’est qu’un homme qui s’est passé durant sa vie d’une assez simple demeure, en veuille avoir une si magnifique quand il n’en a plus que faire.
Voilà la statue du Commandeur.
Voilà la statue du Commandeur.
Parbleu le voilà beau, avec son habit d’Empereur Romain.
Parbleu le voilà beau, avec son habit d’Empereur Romain.
Vraiment Monsieur, il est bien fait, on dirait qu'il est vivant et qu'il va nous parler ; il nous regarde d'une manière qui me fait peur si j'étais tout seul, et je ne pense pas qu'il apprécie de nous voir.
Ma foi Monsieur voilà qui est bien fait, il semble qu’il est en vie, et qu’il s’en va parler ; il jette des regards sur nous qui me feraient peur si j’étais tout seul, et je pense qu’il ne prend pas plaisir à nous voir.
Il aurait tort, car c'est un honneur que je lui fais. Demande-lui s'il veut venir souper avec nous.
Il aurait tort, et ce serait mal recevoir l’honneur que je lui fais ; demande-lui s’il veut venir souper avec nous.
Je ne pense pas qu'il en ait besoin.
C’est une chose dont il n’a pas besoin je crois.
Demande-lui, je te dis.
Demande-lui te dis-je.
Vous plaisantez ? Ce serait fou d'aller parler à une statue.
Vous moquez-vous ? ce serait être fou que d’aller parler à une statue.
Fais ce que je te dis.
Fais ce que je te dis.
C'est bizarre ! Je ris de ma bêtise, mais c'est mon Maître qui me l'a fait faire. Seigneur Commandeur, mon Maître Dom Juan vous demande si vous voulez venir souper avec lui... ah.
Quelle bizarrerie ! Seigneur je ris de ma sottise ; mais c’est mon Maître qui me la fait faire ; Seigneur Commandeur, mon Maître Dom Juan vous demande si vous voulez lui faire l’honneur de venir souper avec lui... ah.
Quoi ? Qu'as-tu ? Veux-tu parler ?
Qu’est-ce ? qu’as-tu ? dis donc ? veux tu parler ?
Et bien, que veux-tu dire, traître ?
Et bien, que veux-tu dire, traître ?
Je vous dis que la statue.
Je vous dis que la statue.
Et bien la statue, je t’assomme si tu ne parles.
Et bien la statue, je t’assomme si tu ne parles.
La statue m’a fait Signe.
La statue m’a fait Signe.
Le coquin.
La peste le Coquin.
Elle m'a fait signe, je vous assure, allez lui parler vous-même!
Elle m’a fait signe vous dis-je, il n’est rien de plus vrai, allez vous-en lui parler vous-même pour voir, peut-être.
Viens ici, maraud, je vais te montrer ta lâcheté, fais attention. Est-ce que le Seigneur Commandeur voudrait venir souper avec moi ?
Viens, maraud, viens, je te veux bien faire toucher au doigt ta Poltronnerie, prends garde ; Le Seigneur Commandeur voudrait-il venir souper avec moi ?
Je ne parierais pas dix pistoles, et alors, Monsieur ?
Je ne voudrais pas en tenir dix pistoles, eh bien, Monsieur ?
Allons, sortons d’ici.
Allons, sortons d’ici.
Voilà de mes esprits forts qui ne veulent rien croire.
Voilà de mes esprits forts qui ne veulent rien croire.