Version Moderne
Version Originale
Non, je te dis que je refuse de le faire et que c'est à moi de décider et d'être le chef.
NON, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître.
Mais moi, je veux que tu fasses ce que je te dis. Je ne me suis pas mariée avec toi pour supporter tes bêtises.
Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.
Quelle corvée d'avoir une femme ! Et Aristote a bien raison quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon !
O la grande fatigue que d'avoir une femme! et qu'Aristote a bien raison quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon!
Regardez cet homme intelligent, qui croit tout savoir grâce à son cher Aristote!
Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote!
Oui, je suis intelligent. Trouve-moi un bûcheron qui sait réfléchir comme moi, qui a travaillé six ans pour un célèbre médecin et qui a appris par cœur les bases de son métier dès son jeune âge.
Oui, habile homme. Trouve-moi un faiseur de fagots qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge son rudiment par coeur.
Quel fou!
Peste du fou fieffé!
Quelle garce !
Peste de la carogne!
Que maudite soit l'heure et le jour où j'ai accepté de dire oui !
Que maudit soit l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui!
Que maudit soit le foutu notaire qui m'a fait signer ma ruine !
Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine!
Tu devrais être reconnaissant d'avoir une femme comme moi. Tu ne méritais pas de m'épouser!
C'est bien à toi vraiment à te plaindre de cette affaire! Devrois-tu être un seul moment sans rendre grâce au Ciel de m'avoir pour ta femme? et méritois-tu d'épouser une personne comme moi?
Il est vrai que tu m'as fait beaucoup d'honneur et que j'ai eu de quoi me vanter la première nuit de nos noces. Hé bien, bon sang ! Ne me fais pas parler de ça, je dirais certaines choses...
Il est vrai que tu me fis trop d'honneur et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. Hé! morbleu! ne me fais point parler là-dessus, je dirois de certaines choses...
Quoi ? Que dirais-tu ?
Quoi? que dirois-tu?
Laisse tomber ce sujet ; le plus important est que nous savons ce que nous savons, et que tu as été bien chanceuse de me trouver.
Baste! laissons là ce chapitre; il suffit que nous savons ce que nous savons, et que tu fus bien heureuse de me trouver.
Comment peux-tu dire que j'ai été chanceuse de te trouver ? Un homme qui me mène à la ruine, un débauché, un traître qui me prend tout ce que j'ai...
Qu'appelles-tu bien heureuse de te trouver? Un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître qui me mange tout ce que j'ai...
Tu mens, j'en bois une partie.
Tu as menti, j'en bois une partie.
Qui vend petit à petit tout ce qui se trouve dans la maison...
Qui me vend pièce à pièce tout ce qui est dans le logis...
C'est la vie de couple.
C'est vivre de ménage.
Qui m'a même pris mon lit...
Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avois...
Tu te lèveras plus tôt.
Tu t'en lèveras plus matin.
Et qui ne laisse aucun meuble dans la maison...
Enfin, qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison...
C'est plus facile pour déménager.
On en déménage plus aisément.
Et qui passe son temps à jouer et boire...
Et qui, du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer et que boire.
Pour ne pas m'ennuyer.
C'est pour ne me point ennuyer.
Et pendant ce temps, que dois-je faire avec ma famille?
Et que veux-tu, pendant ce temps, que je fasse avec ma famille?
Tout ce que tu veux.
Tout ce qu'il te plaira.
J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.
J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.
Pose-les par terre.
Mets-les à terre.
Ils me demandent du pain tout le temps.
Qui me demandent à toute heure du pain.
Donne-leur une fessée. Quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit ivre dans ma maison.
Donne-leur le fouet. Quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit saoul dans ma maison.
Tu penses vraiment que les choses peuvent continuer comme ça, toi l'ivrogne?
Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même?...
Doucement, ma chérie, ne t'énerve pas.
Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.
Je dois supporter tes insultes et tes excès pour toujours?
Que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches?...
Calme-toi, ma femme.
Ne nous emportons point, ma femme.
Et je ne peux pas trouver un moyen de te faire changer de comportement?
Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir?
Tu sais bien que je ne suis pas patient et que je suis assez fort.
Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante, et que j'ai le bras assez bon.
Je me moque de tes menaces.
Je me moque de tes menaces.
Mon amour, ta peau te démange, comme d'habitude.
Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.
Je vais te montrer que je ne te crains pas du tout.
Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.
Ma chère moitié, tu veux me cacher quelque chose.
Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque chose.
Tu crois que tes paroles me font peur?
Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles?
Doux objet de mes désirs, je vais te donner une correction.
Doux objet de mes voeux, je vous frotterai les oreilles.
Tu es un ivrogne!
Ivrogne que tu es!
Je vais te donner une raclée.
Je vous battrai.
Je vais te battre.
Je vous rosserai.
Je vais te punir.
Je vous étrillerai.
Traître, insolent, menteur, lâche, escroc, vaurien, malhonnête, filou, brigand, voleur!...
Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, bélître, fripon, maraut, voleur!...
Ah ! Tu en veux encore ?
Ah! vous en voulez donc?
Ah! ah! ah! ah!
Ah! ah! ah! ah!
Voilà le meilleur moyen de te calmer.
Voilà le vrai moyen de vous apaiser.