Version Moderne
Version Originale
La! la! la!
entre sur le théâtre en chantant et tenant une bouteille
La! la! la!
J'entends quelqu'un qui chante et qui coupe du bois.
J'entends quelqu'un qui chante et qui coupe du bois.
La! la! la!... Bon, j'ai assez travaillé pour le moment, prenons un peu de repos. (Il boit, et dit après avoir bu, )
Que ce bois donne soif!
Comme c'est agréable, jolie bouteille, comme c'est agréable, tes petits glou-gloux!
Mais beaucoup de gens seraient jaloux si tu étais toujours remplie.
Ah! bouteille, ma chérie, pourquoi te vides-tu?
Allons, bon sang! il ne faut pas se laisser envahir par la tristesse!
La! la! la!... Ma foi, c'est assez travaillé pour un coup, prenons un peu d'haleine. (Il boit, et dit après avoir bu, ) Voilà du bois qui est salé comme tous les diables.
Qu'ils sont doux, Bouteille jolie, Qu'ils sont doux Vos petits glou-gloux! Mais mon sort feroit bien des jaloux Si vous étiez toujours remplie. Ah! bouteille, ma mie, Pourquoi vous videz-vous?
Allons, morbleu! il ne faut point engendrer de mélancolie.
Le voilà!
Le voilà lui-même.
Vous avez raison, nous l'avons trouvé
Je pense que vous dites vrai, et que j'avons bouté le nez dessus.
Approchons-nous.
Voyons de près.
Ah! ma petite friponne, que je t'aime, mon petit bouchon! ...Beaucoup de gens seraient jaloux, si... Bon sang! Que veulent ces gens-là?
, Ah! ma petite friponne, que je t'aime, mon petit bouchon!
...Mon sort... feroit... bien des... jaloux, Si...
Que diable! à qui en veulent ces gens-là?
C'est bien lui.
C'est lui assurément.
Le voilà tout à fait comme on nous l'a décrit.
Le velà tout craché comme on nous l'a défiguré.
(Il pose sa bouteille par terre et, lorsque Valère se baisse pour le saluer, pensant qu'il veut la prendre, il la met de l'autre côté. Ensuite, lorsque Lucas fait la même chose, il la reprend et la tient contre son estomac, en faisant divers gestes théâtraux.)
Ils me regardent en discutant; qu'est-ce qu'ils veulent?
(Ici il pose sa bouteille à terre, et, Valère se baissant pour le saluer, comme il croit que c'est à dessein de la prendre, il la met de l'autre côté; ensuite de quoi, Lucas faisant la même chose, il la reprend et la tient contre son estomac, avec divers gestes qui font un grand jeu de théâtre.)
Ils consultent en me regardant; quel dessein auroient-ils?
Excusez-moi, Monsieur, êtes-vous Sganarelle?
Monsieur, n'est-ce pas vous qui vous appelez Sganarelle?
Je vous demande si vous vous appelez Sganarelle?
Je vous demande si ce n'est pas vous qui se nomme Sganarelle?
Oui et non, ça dépend de ce que vous voulez.
Oui et non, selon ce que vous lui voulez.
Nous voulons simplement vous saluer et vous témoigner notre respect.
Nous ne voulons que lui faire toutes les civilités que nous pourrons.
Alors, c'est moi qui suis Sganarelle.
En ce cas, c'est moi qui se nomme Sganarelle.
Monsieur, nous sommes ravis de vous rencontrer. On nous a dirigés vers vous pour ce que nous cherchons, et nous venons vous demander votre aide, dont nous avons besoin.
Monsieur, nous sommes ravis de vous voir. On nous a adressés à vous pour ce que nous cherchons, t nous venons implorer votre aide, dont nous avons besoin.
Si c'est quelque chose qui concerne mon petit commerce, je suis prêt à vous aider.
Si c'est quelque chose, Messieurs, qui dépende de mon petit négoce, je suis tout prêt à vous rendre service.
Monsieur, vous êtes trop aimable. Mais, Monsieur, couvrez-vous, s'il vous plaît, le soleil pourrait vous gêner.
Monsieur, c'est trop de grâce que vous nous faites. Mais, Monsieur, couvrez-vous, s'il vous plaît, le soleil pourrait vous incommoder.
Monsieur, ignorez-le.
Monsieu, boutez dessus.
Voilà des gens très cérémonieux.
Voici des gens bien pleins de cérémonie.
Monsieur, ne soyez pas surpris. Les personnes compétentes sont toujours recherchées, et nous avons entendu parler de vos talents.
Monsieur, il ne faut pas trouver étrange que nous venions à vous, les habiles gens sont toujours recherchés, et nous sommes instruits de votre capacité.
C'est vrai Messieurs, je suis le meilleur au monde pour faire des fagots.
Il est vrai, Messieurs, que je suis le premier homme du monde pour faire des fagots.
Ah! Monsieur!...
Ah! Monsieur!...
Je ne lésine sur rien et je les fais d'une manière impeccable.
Je n'y épargne aucune chose, et les fais d'une façon qu'il n'y a rien à dire.
Monsieur, ce n'est pas de cela dont il s'agit.
Monsieur, ce n'est pas cela dont il est question.
Mais je les vends à 110 sols le cent.
Mais aussi je les vends cent dix sols le cent.
S'il vous plaît, ne parlons pas de ça.
Ne parlons point de cela, s'il vous plaît.
Je vous assure que je ne peux pas les vendre moins cher.
Je vous promets que je ne saurois les donner à moins.
Monsieur, nous sommes au courant.
Monsieur, nous savons les choses.
Si vous êtes au courant, vous savez que c'est le prix.
Si vous savez les choses, vous savez que je les vends cela.
Monsieur, c'est se moquer de nous.
Monsieur, c'est se moquer que...
Je ne me moque pas, je ne peux pas baisser le prix.
Je ne me moque point, je n'en puis rien rabattre.
Changeons de sujet, s'il vous plaît.
Parlons d'autre façon, de grâce.
Vous pouvez trouver moins cher ailleurs, mais pas de la même qualité que les miens.
Vous en pourrez trouver autre part à moins, il y a fagots et fagots; mais pour ceux que je fais...
Arrêtez, Monsieur, ce discours.
Hé! Monsieur, laissons là ce discours.
Je vous jure que vous ne les auriez pas, même si c'était le double.
Je vous jure que vous ne les auriez pas, s'il s'en falloit un double.
Non, sincèrement, vous paierez ce prix-là. Je vous parle honnêtement, je ne suis pas du genre à exagérer.
Non, en conscience, vous en payerez cela. Je vous parle sincèrement, et je ne suis pas homme à surfaire.
Comment pouvez-vous, un homme aussi savant et célèbre médecin, vous abaisser à ces blagues grossières et cacher vos talents?
Faut-il, Monsieur, qu'une personne comme vous s'amuse à ces grossières feintes, s'abaisse à parler de la sorte? qu'un homme si savant, un fameux médecin, comme vous êtes, veuille se déguiser aux yeux du monde, et tenir enterrés les beaux talents qu'il a?
S'il vous plaît, Monsieur, ne jouez pas avec nous.
De grâce, Monsieur, ne dissimulez point avec nous.
Tout ce cirque ne sert à rien, on sait ce qu'on sait.
Tout ce tripotage ne sart de rian, je sçavons çen que je sçavons.
Quoi donc? Que voulez-vous me dire? Pour qui me prenez-vous?
Quoi donc? que me voulez-vous dire? Pour qui me prenez-vous?
Pour ce que vous êtes, pour un grand médecin.
Pour ce que vous êtes, pour un grand médecin.
Médecin vous-même , je ne le suis pas et je ne l'ai jamais été.
Médecin vous-même, je ne le suis point, et ne l'ai jamais été.
Il est vraiment fou. (Haut.) Monsieur, je vous en prie, ne niez pas davantage les choses et évitons d'en arriver à des situations fâcheuses.
Voilà sa folie qui le tient. (Haut.) Monsieur, ne veuillez point nier les choses davantage, et n'en venons point, s'il vous plait, à de fâcheuses extrémités.
À quoi donc?
À quoi donc?
À certaines choses qui pourraient nous causer des ennuis.
À de certaines choses dont nous serions marris.
Bien sûr! Allez-y, dites-moi tout ce que vous voulez, mais je ne suis pas médecin et je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
Parbleu! venez-en à tout ce qu'il vous plaira; je ne suis point médecin, et ne sais ce que vous me voulez dire.
Je vois bien qu'il faut employer le remède. (À haute voix) Monsieur, je vous en prie, avouez ce que vous êtes.
Je vois bien qu'il faut se servir du remède. (Haut.) Monsieur, encore un coup, je vous prie d'avouer ce que vous êtes.
Et je le jure ! Ne niez pas davantage et avouez franchement que vous êtes médecin.
Et testigué! ne lantiponez point davantage, et confessez à la franquette que v'estes médecin.
Je suis furieux!
J'enrage!
À quoi bon nier ce qu'on sait?
À quoi bon nier ce qu'on sait?
Pourquoi toutes ces simagrées? À quoi ça vous sert?
Pourquoi toutes ces fraimes-là? à quoi est-ce que ça vous sart?
Messieurs, en un mot comme en cent, je vous dis que je ne suis pas médecin.
Messieurs, en un mot autant qu'en deux mille, je vous dis que je ne suis point médecin.
Vous n'êtes pas médecin?
Vous n'êtes point médecin?
Vous n'êtes pas médecin!
V'n'estes pas médecin!
Non, je vous le dis.
Non, vous dis-je.
Puisque vous le voulez, il faut s'y résoudre. (Ils prennent un bâton et le frappent.)
Puisque vous le voulez, il faut s'y résoudre. (Ils prennent un bâton et le frappent.)
Ah! ah! ah! Messieurs, je suis tout ce qu'il vous plaira.
Ah! ah! ah! Messieurs, je suis tout ce qu'il vous plaira.
Pourquoi nous obligez-vous à être violents, Monsieur?
Pourquoi, Monsieur, nous obligez-vous à cette violence?
Pourquoi nous forcer à vous battre?
À quoi bon nous bailler la peine de vous battre?
Je vous assure que j'en suis vraiment désolé.
Je vous assure que j'en ai tous les regrets du monde.
Franchement, je suis fâché, vraiment.
Par ma figué! j'en sis fâché, franchement.
Mais qu'est-ce qui se passe, Messieurs? S'il vous plaît, est-ce une blague ou vous êtes sérieux en voulant que je sois médecin?
Que diable est-ce ci, Messieurs? De grâce, est-ce pour rire, ou si tous deux vous extravaguez, de vouloir que je sois médecin?
Comment pouvez-vous encore nier que vous êtes médecin?
Quoi! vous ne vous rendez pas encore, et vous vous défendez d'être médecin?
Que le diable m'emporte si je le suis!
Diable emporte si je le suis!
Vous prétendez ne pas être médecin?
Il n'est pas vrai qu'ous sayez médecin?
Non, je vous le jure! (Ils commencent à le frapper à nouveau.) Ah! Ah! Bon, d'accord, si vous insistez, je suis médecin, je suis médecin, même pharmacien si vous voulez. (Pensant à lui-même) Je préfère tout accepter plutôt que de me faire tuer.
Non, la peste m'étouffe! (Là, ils recommencent de le battre.) Ah! ah! Eh bien, Messieurs, oui, puisque vous le voulez, je suis médecin, je suis médecin; apothicaire encore, si vous le trouvez bon. (À part.) J'aime mieux consentir à tout que de me faire assommer.
Ah! très bien, Monsieur; je suis content de vous voir raisonnable.
Ah! voilà qui va bien, Monsieur; je suis ravi de vous voir raisonnable.
Ça me fait plaisir de vous entendre parler comme ça.
Vous me boutez la joie au coeur quand je vous voi parler comme ça.
Je m'excuse sincèrement.
Je vous demande pardon de toute mon âme.
Nous vous prions de nous excuser d'avoir pris cette liberté.
Je vous demandons excuse de la libarté que j'avons prise.
Ouais! Est-ce que je me trompe? Suis-je devenu médecin sans m'en rendre compte?
Ouais! seroit-ce bien moi qui me tromperois, et serois-je devenu médecin sans m'en être aperçu?
Monsieur, vous ne regretterez pas de nous montrer qui vous êtes, et vous verrez que vous en serez satisfait.
Monsieur, vous ne vous repentirez pas de nous montrer ce que vous êtes, et vous verrez assurément que vous en serez satisfait.
Mais, Messieurs, dites-moi, êtes-vous sûrs que je suis vraiment médecin?
Mais, Messieurs, dites-moi, ne vous trompez-vous point vous-mêmes? Est-il bien assuré que je sois médecin?
Bien sûr que oui!
Oui, par ma figue!
Sans aucun doute.
Sans doute.
Que le diable m'emporte si je le savais!
Diable emporte si je le savois!
Comment ça ? Vous êtes le meilleur médecin du monde.
Comment! vous êtes le plus habile médecin du monde.
Un médecin qui a guéri je ne sais combien de maladies.
Un médecin qui a guari je ne sais combien de maladies.
Une femme était considérée comme morte depuis six heures ; elle était prête à être enterrée, mais avec une goutte de quelque chose, vous l'avez fait revenir à la vie et marcher dans la chambre.
Une femme étoit tenue pour morte il y avoit six heures; elle étoit prête à ensevelir, lorsqu'avec une goutte de quelque chose vous la fîtes revenir et marcher d'abord par la chambre.
Un petit enfant de douze ans est tombé d'un clocher et s'est cassé la tête, les jambes et les bras; mais avec je ne sais quelle pommade, vous avez fait qu'il s'est immédiatement relevé et est allé jouer à la marelle.
Un petit enfant de douze ans se laissit choir du haut d'un clocher, de quoi il eut la tête, les jambes et les bras cassés; et vous, avec je ne sai quel onguent, vous fîtes qu'aussitôt il se relevit sur ses pieds et s'en fut jouer à la fossette.
Enfin, Monsieur, vous serez satisfait avec nous, et vous gagnerez ce que vous voulez en vous laissant conduire où nous voulons vous emmener.
Enfin, Monsieur, vous aurez contentement avec nous, et vous gagnerez ce que vous voudrez en vous laissant conduire où nous prétendons vous mener.
Je gagnerai ce que je veux?
Je gagnerai ce que je voudrai?
Ah! Je suis médecin, c'est vrai. J'avais oublié, mais je m'en souviens maintenant. De quoi s'agit-il? Où devons-nous aller?
Ah! Je suis médecin, sans contredit. Je l'avois oublié, mais je m'en ressouviens. De quoi est-il question? où faut-il se transporter?
Nous vous emmènerons. Nous devons aller voir une fille qui a perdu sa voix.
Nous vous conduirons. Il est question d'aller voir une fille qui a perdu la parole.
Ma foi, je ne l'ai pas trouvée.
Ma foi, je ne l'ai pas trouvée.
Il aime plaisanter. Allons, Monsieur.
Il aime à rire. Allons, Monsieur.
Sans une blouse de médecin ?
Sans une robe de médecin?
Nous en trouverons une.
Nous en prendrons une.
Tenez ça, vous, c'est là que je mets mes remèdes.
(Puis, se tournant vers Lucas en crachant.) Toi, marche dessus, sur ordre du médecin.
Tenez cela, vous, voilà où je mets mes juleps.
(Puis, se tournant vers Lucas en crachant.) Vous, marchez là-dessus, par ordonnance du médecin.
Parbleu! Voilà un médecin qui me plaît. Je pense qu'il réussira, car il est drôle.
Palsanguenne! velà un médecin qui me plaît. Je pense qu'il réussira, car il est bouffon.