Version Moderne
Version Originale
Oui Monsieur, je pense que vous serez content. Nous avons trouvé le meilleur médecin du monde.
OUI, Monsieur, je crois que vous serez satisfait, et nous vous avons amené le plus grand médecin du monde.
Oh là là! Il faut fermer la porte après celui-là, et les autres ne sont pas dignes de lui enlever ses chaussures sales.
Oh! morguenne! il faut tirer l'échelle après ceti-là, et tous les autres ne sont pas daignes de li déchausser ses souillez.
C'est un homme qui a guéri des maladies incroyables.
C'est un homme qui a fait des cures merveilleuses.
Il a guéri des gens qui étaient morts.
Qui a gari des gens qui estiant morts.
Il est un peu bizarre parfois, comme je vous l'ai dit. Il peut avoir des moments où il est un peu fou.
Il est un peu capricieux, comme je vous ai dit, et parfois il a des moments où son esprit s'échappe et ne paroît pas ce qu'il est.
Oui, il aime plaisanter, et parfois, sans vous offenser, on dirait qu'il a reçu un petit coup à la tête.
Oui, il aime à bouffonner, et l'an diroit par fois, ne v's en déplaise, qu'il a quelque petit coup de hache à la tête.
Mais en réalité, il est très savant et il dit souvent des choses très intelligentes.
Mais, dans le fond, il est toute science, et bien souvent il dit des choses tout à fait relevées.
Quand il s'y met, il parle très clairement, comme s'il lisait dans un livre.
Quand il s'y boute, il parle tout fin drait comme s'il lisoit dans un livre.
Sa réputation s'est déjà répandue ici, et tout le monde vient le consulter.
Sa réputation s'est déjà répandue ici, et tout le monde vient à lui.
Je suis impatient de le voir, faites-le venir rapidement.
Je meurs d'envie de le voir, faites-le moi vite venir.
Je vais le chercher.
Je le vais quérir.
Par ma foi, Monsieur, celui-ci fera exactement la même chose que les autres. Je pense que ce serait mieux pour votre fille d'avoir un beau et bon mari avec qui elle aurait de l'amitié.
Par ma fi! Monsieu, ceti-ci fera justement ce qu'ant fait les autres. Je pense que ce sera queussi queumi; et la meilleure médeçaine que l'an pourroit bailler à votre fille, ce seroit, selon moi, un biau et bon mari pour qui allé eût de l'amiquié.
Eh bien! nourrice, vous vous mêlez de beaucoup de choses!
Ouais! nourrice, ma mie, vous vous mêlez de bien des choses!
Taisez-vous, Jacqueline, ce n'est pas à vous de vous en mêler.
Taisez-vous, notre ménagère Jacquelaine, ce n'est pas à vous à bouter là votre nez.
Je vous assure que boire de l'eau serait aussi efficace que les remèdes de tous ces médecins.
Votre fille a besoin de quelque chose de plus que de la rhubarbe ou des saignées, et c'est connu, un bon mari guérit toutes les douleurs des filles.
Je vous dis et vous douze que tous ces médecins n'y feront rian que de l'iau claire, que votre fille a besoin d'autre chose que de ribarbe et desené, et qu'un mari est une emplâtre qui garit tous les maux des filles.
Est-ce qu'elle est capable de se marier avec son handicap? Et quand j'ai voulu la marier, elle s'est opposée à moi.
Est-elle en état maintenant qu'on s'en voulût charger, avec l'infirmité qu'elle a? Et lorsque j'ai été dans le dessein de la marier, ne s'est-elle pas opposée à mes volontés?
Bien sûr! Vous vouliez lui donner un homme qu'elle n'aimait pas. Pourquoi ne pas avoir choisi Monsieur Liandre, qui lui plaisait? Elle aurait été obéissante, et je parie qu'il l'aurait épousée, même avec son handicap, si vous lui aviez donné.
Je le crois bian! vous li vouilliez bailler eun homme qu'allé n'aime point. Que ne preniais-vous ce monsieu Liandre, qui li touchoit au coeur? Allé auroit été fort obéissante; et je m'en vas gager qu'il la prendroit, li, comme allé est, si vous la li vouillais donner.
Ce Léandre n'est pas ce qu'il lui faut, il n'a pas autant d'argent que l'autre.
Ce Léandre n'est pas ce qu'il lui faut, il n'a pas du bien comme l'autre.
Il a un oncle très riche dont il va hériter.
Il a un oncle qui est si riche, dont il est hériquié.
Les biens futurs me semblent incertains. Rien n'est sûr tant qu'on ne l'a pas en main, et il est risqué de compter sur l'héritage que quelqu'un d'autre vous réserve. La mort n'est pas toujours attentive aux souhaits et aux prières des héritiers, et on a le temps de devenir impatient en attendant la mort de quelqu'un pour vivre.
Tous ces biens à venir me semblent autant de chansons. Il n'est rien tel que ce qu'on tient, et l'on court grand risque de s'abuser lorsque l'on compte sur le bien qu'un autre vous garde. La mort n'a pas toujours les oreilles ouvertes aux voeux et aux prières de messieurs les héritiers, et l'on a le temps d'avoir les dents longues lorsqu'on attend, pour vivre, le trépas de quelqu'un.
En fin de compte, le bonheur est plus important que l'argent dans le mariage. Les parents ont l'habitude de demander, "Qu'a-t-il?" et "Qu'a-t-elle?" Le compère Pierre a marié sa fille Simonnette au gros Thomas pour une petite somme d'argent de plus que le jeune Robin, qu'elle aimait. Maintenant, la pauvre fille est malheureuse et n'a rien gagné depuis. C'est un mauvais exemple pour vous, Monsieur. On ne vit qu'une fois, et je préférerais donner à ma fille un mari agréable plutôt que toutes les richesses du monde.
Enfin, j'ai toujours ouï dire qu'en mariage, comme ailleurs, contentement passe richesse. Les pères et les mères ant cette maudite couteume de demander toujours, «Qu'a-t-il?» et, «Qu'a-t-elle?» Et le compère Piarre a marié sa fille Simonnette au gros Thomas pour un quarquié de vaigne qu'il avoit davantage que le jeune Robin, où allé avoit bouté son amiquié; et velà que la pauvre creiature en est devenue jaune comme eun coing, et n'a point profité tout depuis ce temps-là. C'est un bel exemple pour vous, Monsieu. On n'a que son plaisir en ce monde; et j'aimerois mieux bailler à ma fille un bon mari qui li fût agriable que toutes les rentes de la Biausse.
Bon sang, Madame la nourrice! Comme vous parlez! Taisez-vous, je vous prie; vous vous inquiétez trop et vous vous énervez.
Peste, Madame la nourrice! comme vous dégoisez! Taisez-vous, je vous prie; vous prenez trop de soin, et vous échauffez votre lait.
Tais-toi ! Tu es impertinente. Monsieur n'a pas besoin de tes discours, il sait ce qu'il doit faire. Occupe-toi de nourrir ton enfant, au lieu de parler autant. Monsieur est le père de sa fille, et il est assez sage pour savoir ce dont elle a besoin.
Morgue! tais-toi, t'es eune impartinante. Monsieu n'a que faire de tes discours, et il sait ce qu'il a à faire. Mêle-toi de donner à téter à ton enfant, sans tant faire la raisonneuse. Monsieu est le père de sa fille, et il est bon et sage pour voir ce qu'il li faut.
Doucement! Oh! Doucement!
Tout doux! oh! tout doux!
Monsieur, je veux la remettre à sa place et lui apprendre à mieux vous respecter.
Monsieu, je veux un peu la mortifier et li apprendre le respect qu'allé vous doit.
Oui, mais ces gestes ne sont pas nécessaires.
Oui; mais ces gestes ne sont pas nécessaires.