Version Moderne
Version Originale
Scapin, dis-moi un peu qui est cet Argante, le père d'Octave.
Scapin, faites-moi connoître un peu cet Argante qui est père d’Octave.
Pourquoi, Monsieur ?
Pourquoi, Monsieur ?
Je viens d'apprendre qu'il veut me poursuivre en justice et faire annuler le mariage de ma sœur.
Je viens d’apprendre qu’il veut me mettre en procès, et faire rompre par justice le mariage de ma sœur.
Je ne suis pas sûr de ses intentions, mais il refuse de payer les deux cents pistoles que vous demandez. Il dit que c'est trop.
Je ne sais pas s’il a cette pensée ; mais il ne veut point consentir aux deux cents pistoles que vous voulez ; et il dit que c’est trop.
Par tous les diables ! Si je le trouve, je vais le battre, même si ça me coûte la vie.
Par la mort ! par la tête ! par le ventre ! si je le trouve, je le veux échiner, dussé-je être roué tout vif.
Argante, pour n’être point vu, se tient en tremblant derrière Scapin.
Monsieur, le père d'Octave est courageux, il ne vous craindra peut-être pas.
Monsieur, ce père d’Octave a du cœur, et peut-être ne vous craindra-t-il point.
Lui ? Si je le voyais maintenant, je le frapperais avec mon épée.
Apercevant Argante.
Qui est cet homme ?
Lui, lui ? Par le sang ! par la tête ! s’il était là, je lui donnerais tout à l’heure de l’épée dans le ventre.
Apercevant Argante.
Qui est cet homme-là ?
Ce n’est pas lui, monsieur ; ce n’est pas lui.
Ce n’est pas lui, monsieur ; ce n’est pas lui.
Est-ce un de ses amis ?
N’est-ce point quelqu’un de ses amis ?
Non, monsieur, c'est son pire ennemi.
Non, monsieur ; au contraire, c’est son ennemi capital.
Son pire ennemi ?
Son ennemi capital ?
Ah ! Je suis ravi de l'entendre.
À Argante.
Vous êtes l'ennemi de cet Argante ?
Ah ! parbleu, j’en suis ravi.
À Argante.
Vous êtes ennemi, Monsieur, de ce faquin d’Argante ? Hé ?
Oui, je vous le garantis. Sylvestre, serrant fermement la main d'Argante. Je vous donne ma parole, je jure sur mon honneur, par mon épée, par tous les serments que je peux faire, que je vais me débarrasser de ce Argante avant la fin de la journée. Comptez sur moi.
Oui, oui ; je vous en réponds. Sylvestre, secouant rudement la main d’Argante. Touchez là, touchez. Je vous donne ma parole, et vous jure sur mon honneur, par l’épée que je porte, par tous les serments que je saurois faire, qu’avant la fin du jour je vous déferai de ce maraud fieffé, de ce faquin d’Argante. Reposez-vous sur moi.
Monsieur, la violence n'est pas tolérée ici.
Monsieur, les violences en ce pays-ci ne sont guère souffertes.
Je me moque de tout, et je n’ai rien à perdre.
Je me moque de tout, et je n’ai rien à perdre.
Il sera sur ses gardes, il a de la famille, des amis et des serviteurs pour le protéger.
Il se tiendra sur ses gardes assurément ; et il a des parents, des amis et des domestiques, dont il se fera un secours contre votre ressentiment.
C'est ce que je veux, je veux le confronter.
Mettant l’épée à la main.
Ah, si seulement je pouvais le trouver maintenant avec tous ses protecteurs ! Si seulement je pouvais le voir entouré de trente personnes ! Si seulement je pouvais les voir tous m'attaquer ! Vous osez m'attaquer ?
Poussant de tous les côtés, comme s’il avait plusieurs personnes à combattre.
Allez, je vais vous montrer de quoi je suis capable. Pas de pitié. Attaquons. Tenez bon. Avancez. Ah, vous voulez jouer à ça ? Je vais vous en donner pour votre argent.
Se tournant du côté d’Argante et de Scapin.
Tenez bon. Allons-y. Prenez ça. Et ça. Et ça. Vous reculez ? Tenez bon !
C’est ce que je demande, morbleu ! c’est ce que je demande.
Mettant l’épée à la main.
Ah, tête ! ah, ventre ! Que ne le trouvé-je à cette heure avec tout son secours ! Que ne paroît-il à mes yeux au milieu de trente personnes ! Que ne les vois-je fondre sur moi les armes à la main ! Comment ! marauds, vous avez la hardiesse de vous attaquer à moi ! Allons, morbleu, tue !
Poussant de tous les côtés, comme s’il avoit plusieurs personnes à combattre.
Point de quartier. Donnons. Ferme. Poussons. Bon pied, bon œil. Ah ! coquins ! ah ! canaille ! vous en voulez par là ! je vous en ferai tâter votre soûl. Soutenez, marauds ; soutenez. Allons. À cette botte. À cette autre.
Se tournant du côté d’Argante et de Scapin.
À celle-ci. À celle-là. Comment, vous reculez ! Pied ferme, morbleu ; pied ferme !
Hé, hé, hé ! Monsieur, nous ne sommes pas de ce genre.
Hé, hé, hé ! Monsieur, nous n’en sommes pas.
Cela vous apprendra à ne pas vous moquer de moi.
Voilà qui vous apprendra à vous oser jouer à moi.