Version Moderne
Version Originale
On y va.
(en entrant dans la chambre.)
On y va.
Ah, chienne ! ah, carogne... !
Ah, chienne ! ah, carogne... !
Maudite soit votre impatience ! Vous me stressez tellement que je me suis cognée la tête contre le coin d'un volet.
(faisant semblant de s’être cogné la tête.)
Diantre soit fait de votre impatience ! vous pressez si fort les personnes, que je me suis donné un grand coup de la tête contre la carne d’un volet.
Ah, traîtresse... !
(en colère.)
Ah ! traîtresse... !
Aïe !
(pour l’interrompre et l’empêcher de crier, se plaint toujours en disant.)
Ha !
Il y a une heure...
Il y a une heure...
Tu m’as laissé...
Tu m’as laissé...
Tais-toi donc, coquine, que je te réprimande.
Tais-toi donc, coquine, que je te querelle.
Allez, franchement ! Je suis d'accord, après ce que j'ai subi.
Çamon, ma foi ! j’en suis d’avis, après ce que je me suis fait.
Tu m'as fait crier, méchante.
Tu m’as fait égosiller, carogne.
Et vous, vous m'avez donné mal à la tête; on est quitte, si vous voulez.
Et vous m’avez fait, vous, casser la tête; l’un vaut bien l’autre; quitte à quitte, si vous voulez.
Quoi ? coquine...
Quoi ? coquine...
Si vous me disputez, je vais pleurer.
Si vous querellez, je pleurerai.
Me laisser, traîtresse...
Me laisser, traîtresse...
Ha !
(toujours pour l’interrompre)
Ha !
Chienne, tu veux...
Chienne, tu veux...
Quoi ? Je ne peut même pas avoir le plaisir de te disputer.
Quoi ? il faudra encore que je n’aye pas le plaisir de la quereller.
Grondez moi autant que vous voulez, ça ne me dérange pas.
Querellez tout votre soûl, je le veux bien.
Tu m'en empêches, chienne, en m'interrompant sans cesse.
Tu m’en empêches, chienne, en m’interrompant à tous coups.
Si vous aimez gronder, et bien moi j'aime bien pleurer; chacun son truc. Ha !
Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que, de mon côté, j’aye le plaisir de pleurer; chacun le sien, ce n’est pas trop. Ha !
Bon, il faut en passer par là. Enlève ça, coquine, enlève ça.
Allons, il faut en passer par là. Ôte-moi ceci, coquine, ôte-moi ceci.
(Argan se lève de sa chaise.)
Mon lavement d’aujourd’hui a-t-il bien opéré ?
Votre lavement ?
Votre lavement ?
Oui. Ai-je bien évacué de la bile ?
Oui. Ai-je bien fait de la bile ?
Franchement, je ne m'occupe pas de ça ; c'est Monsieur Fleurant que cela concerne puisqu'il en tire profit.
Ma foi ! je ne me mêle point de ces affaires-là; c’est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu’il en a le profit.
Prépare mon bouillon, pour le lavement que je dois prendre bientôt.
Qu’on ait soin de me tenir un bouillon prêt, pour l’autre que je dois tantôt prendre.
Ce Monsieur Fleurant et ce Monsieur Purgon profitent bien de vous; vous êtes une véritable vache à lait pour eux. J'aimerais leur demander quelle maladie vous avez, pour vous donner autant de traitements.
Ce Monsieur Fleurant-là et ce Monsieur Purgon s’égayent bien sur votre corps; ils ont en vous une bonne vache à lait; et je voudrois bien leur demander quel mal vous avez, pour vous faire tant de remèdes.
Tais-toi, ignorante, ce n'est pas à toi de juger les ordonnances médicales. Fais venir ma fille Angélique, j'ai quelque chose à lui dire.
Taisez-vous, ignorante, ce n’est pas à vous à contrôler les ordonnances de la médecine. Qu’on me fasse venir ma fille Angélique, j’ai à lui dire quelque chose.
La voilà qui arrive, elle a deviné vos pensées.
La voici qui vient d’elle-même; elle a deviné votre pensée.