Version Moderne
Version Originale
Chérie, viens ici.
Ah ! ma femme, approchez.
Qu'est-ce qui se passe, mon mari ?
Qu’avez-vous, mon pauvre mari ?
Viens m'aider.
Venez-vous-en ici à mon secours.
Que se passe-t-il, mon chéri ?
Qu’est-ce que c’est donc qu’il y a, mon petit fils ?
On m'a mis en colère !
On vient de me mettre en colère !
Oh, pauvre petit mari. Comment ça, mon chéri ?
Hélas ! pauvre petit mari. Comment donc, mon ami ?
Cette Toinette insolente est pire que jamais.
Votre coquine de Toinette est devenue plus insolente que jamais.
Ne te mets pas en colère.
Ne vous passionnez donc point.
Elle m’a fait enrager, mamie.
Elle m’a fait enrager, mamie.
Allons, calme-toi.
Doucement, mon fils.
Pendant une heure, elle a contrarié tout ce que je veux faire.
Elle a contrecarré, une heure durant, les choses que je veux faire.
Doucement, doucement.
Là, là, tout doux.
Et elle a osé me dire que je ne suis pas malade.
Et a eu l’effronterie de me dire que je ne suis point malade.
Quelle insolente.
C’est une impertinente.
Tu sais, mon cœur, ce qu'il en est.
Vous savez, mon cœur, ce qui en est.
Oui, mon cœur, elle a tort.
Oui, mon cœur, elle a tort.
Chérie, cette fille va me tuer.
Mamour, cette coquine-là me fera mourir.
Eh là, eh là !
Eh là, eh là !
Elle est la cause de tous mes problèmes.
Elle est la cause de toute la bile que je fais.
Ne te mets pas autant en colère.
Ne vous fâchez point tant.
Je t'ai demandé plusieurs fois de la renvoyer.
Et il y a je ne sais combien que je vous dis de me la chasser.
Mon Dieu ! Tous les serviteurs ont leurs défauts. Parfois, on doit tolérer leurs mauvaises qualités pour leurs bonnes. Elle est habile, attentive, diligente et surtout fidèle. Il faut être prudent avec les gens qu'on embauche. Toinette !
Mon Dieu ! mon fils, il n’y a point de serviteurs et de servantes qui n’ayent leurs défauts. On est contraint parfois de souffrir leurs mauvaises qualités à cause des bonnes. Celle-ci est adroite, soigneuse, diligente, et surtout fidèle, et vous savez qu’il faut maintenant de grandes précautions pour les gens que l’on prend. Holà ! Toinette.
Pourquoi mets-tu mon mari en colère ?
Pourquoi donc est-ce que vous mettez mon mari en colère ?
Moi, madame ? Je ne comprends pas ce que vous dites, je cherche juste à satisfaire monsieur en tout.
(d’un ton doucereux.)
Moi, Madame, hélas ! Je ne sais pas ce que vous me voulez dire, et je ne songe qu’à complaire à Monsieur en toutes choses.
Ah ! la traîtresse !
Ah ! la traîtresse !
Il a dit qu'il voulait marier sa fille au fils de Monsieur Diafoirus. Je lui ai répondu que c'était un bon parti pour elle, mais qu'il serait peut-être mieux de la mettre dans un couvent.
Il nous a dit qu’il vouloit donner sa fille en mariage au fils de Monsieur Diafoirus; je lui ai répondu que je trouvois le parti avantageux pour elle; mais que je croyois qu’il feroit mieux de la mettre dans un convent.
Je ne vois pas de mal à cela, je pense qu'elle a raison.
Il n’y a pas grand mal à cela, et je trouve qu’elle a raison.
Ah, ma chérie, tu la crois. C'est une méchante, elle m'a insulté.
Ah ! mamour, vous la croyez. C’est une scélérate; elle m’a dit cent insolences.
Eh bien, je te crois, mon ami. Calme-toi. Écoute, Toinette, si tu énerves encore mon mari, je te mettrai dehors. Donne-moi son manteau et des oreillers, je vais l'installer dans sa chaise. Tu es tout décoiffé. Mets bien ton bonnet sur tes oreilles, rien ne donne plus froid que de prendre l'air par les oreilles.
Hé bien ! je vous crois, mon ami. Là, remettez-vous. Écoutez Toinette, si vous fâchez jamais mon mari, je vous mettrai dehors. Çà, donnez-moi son manteau fourré et des oreillers, que je l’accommode dans sa chaise. Vous voilà je ne sais comment. Enfoncez bien votre bonnet jusque sur vos oreilles; il n’y a rien qui enrhume tant que de prendre l’air par les oreilles.
Ah, ma chérie, je te suis tellement reconnaissant pour tout ce que tu fais pour moi !
Ah ! mamie, que je vous suis obligé de tous les soins que vous prenez de moi !
Lève-toi, que je mette ceci sous toi. Mettons celui-ci pour te soutenir, et celui-là de l'autre côté. Mettons celui-ci derrière ton dos, et cet autre pour soutenir ta tête.
(accommodant les oreillers qu’elle met autour d’Argan.)
Levez-vous, que je mette ceci sous vous. Mettons celui-ci pour vous appuyer, et celui-là de l’autre côté. Mettons celui-ci derrière votre dos, et cet autre-là pour soutenir votre tête.
Et celui-ci pour vous protéger du froid.
(lui mettant rudement un oreiller sur la tête, et puis fuyant.)
Et celui-ci pour vous garder du serein.
Ah ! coquine, tu veux m’étouffer.
(se lève en colère, et jette tous les oreillers à Toinette.)
Ah ! coquine, tu veux m’étouffer.
Eh bien, eh bien ! Qu'est-ce qui se passe ?
Eh là, eh là ! Qu’est-ce que c’est donc ?
Ah, ah, ah ! Je n'en peux plus.
(tout essoufflé, se jette dans sa chaise.)
Ah, ah, ah ! je n’en puis plus.
Pourquoi t'énerver comme ça ? Elle a pensé bien faire.
Pourquoi vous emporter ainsi ? Elle a cru faire bien.
Tu ne connais pas, ma chérie, la malice de cette fille. Ah, elle m'a mis hors de moi; et il faudra plus de huit médicaments, et douze lavements, pour réparer tout ça.
Vous ne connoissez pas, mamour, la malice de la pendarde. Ah ! elle m’a mis tout hors de moi; et il faudra plus de huit médecines, et de douze lavements, pour réparer tout ceci.
Allez, allez, mon petit chéri, calme-toi un peu.
Là, là, mon petit ami, apaisez-vous un peu.
Ma chérie, tu es toute ma consolation.
Mamie, vous êtes toute ma consolation.
Pauvre petit.
Pauvre petit fils.
Pour essayer de te remercier de l'amour que tu me portes, je veux, mon cœur, comme je te l'ai dit, faire mon testament.
Pour tâcher de reconnoître l’amour que vous me portez, je veux, mon cœur, comme je vous ai dit, faire mon testament.
Ah, mon ami, ne parlons pas de ça, je t'en prie; je ne peux pas supporter cette pensée; et le seul mot de testament me fait frémir de douleur.
Ah ! mon ami, ne parlons point de cela, je vous prie; je ne saurois souffrir cette pensée; et le seul mot de testament me fait tressaillir de douleur.
Je t'avais dit de parler de ça à ton notaire.
Je vous avois dit de parler pour cela à votre notaire.
Il est là, je l'ai amené avec moi.
Le voilà là-dedans, que j’ai amené avec moi.
Fais-le entrer, ma chérie.
Faites-le donc entrer, mamour.
Hélas, mon ami, quand on aime vraiment son mari, on n'est guère en état de penser à tout ça.
Hélas ! mon ami, quand on aime bien un mari, on n’est guère en état de songer à tout cela.