
Dom Juan
Dom Juan est un jeune noble libertin qui mène une vie dissolue et dénuée de morale.
Au premier abord, le personnage est un séducteur qui multiplie les conquêtes amoureuses sans se soucier des conséquences. Il séduit et abandonne les femmes de toutes conditions sans remords aucun.
Dom Juan est un athée qui se rit des valeurs religieuses et sociales de son temps. Il méprise les conventions et la morale établie. Sa vie est rythmée par la poursuite des plaisirs charnels et du libertinage.
C’est aussi un libre-penseur qui ne se laisse pas enfermer dans les conventions de son temps. Il profite pleinement de chaque instant sans se soucier du lendemain, et incarne ainsi une philosophie hédoniste.
L’esprit des lumière
La célèbre réplique “Je crois que deux et deux font quatre” de Dom Juan Acte III, scène 1, v321 illustre bien l’esprit des Lumières naissant à cette époque.
Cette phrase, en apparence anodine, reflète en réalité une remise en cause de l’autorité religieuse et des dogmes par la primauté accordée à la raison et aux évidences.
En affirmant une vérité mathématique simple comme “2+2=4”, Dom Juan rejette la parole divine et les croyances au profit de l’observation rationnelle du réel et de la logique.
Cette réplique symbolise l’émergence de la pensée rationnelle et scientifique qui marquera les Lumières au XVIIIe siècle. Elle s’inscrit dans le mouvement d’émancipation de la pensée par rapport aux préceptes religieux.
Le personnage de Dom Juan, par son scepticisme et son rejet des valeurs morales établies, préfigure les idées des philosophes des Lumières qui prôneront la liberté de penser, le questionnement des traditions et la raison comme guide.
Sganarelle entre complicité et servitude
La relation entre Dom Juan et son valet Sganarelle est faite de domination mais aussi d’une certaine complicité.
Dom Juan est le maître, Sganarelle son valet dévoué. Cette hiérarchie sociale très marquée à l’époque implique obéissance et soumission du valet envers son maître. Sganarelle doit suivre les ordres de Dom Juan, même s’il désapprouve ses actes immoraux.
Dom Juan traite Sganarelle avec un certain mépris de classe, le rabaissant souvent par des remarques blessantes sur sa condition modeste. Il se moque ouvertement de ses remontrances morales.
Malgré la domination de Dom Juan, Sganarelle garde une grande liberté de parole. Il n’hésite pas à critiquer vertement son maître et à lui faire la leçon, dénonçant sans détour son immoralité.
S’il se plaint constamment de Dom Juan, Sganarelle reste néanmoins son complice dans ses entreprises de séduction. Il y a comme une forme de fascination mêlée de réprobation envers ce maître dévoyé.
Ainsi, leur relation oscille entre la soumission du valet et une forme de complicité mouvementée où Sganarelle joue un rôle de conscience, mais sans jamais pouvoir réellement infléchir la conduite de son maître libertin.
Le personnage principal

Dom Juan
Personnage principal, Dom Juan est un aristocrate du XVIIe siècle qui incarne à la fois la liberté de pensée et les défauts de sa classe sociale.
Dom Juan nous pose une question essentielle : peut-on admirer la liberté de pensée d'un homme tout en condamnant ses actes ?
Libre penseur, Dom Juan refuse les conventions de son époque. Athée convaincu, il défie la religion et défend la raison contre la superstition. Il recherche le plaisir et la beauté avec un raffinement d'esthète, vivant chaque instant avec intensité. Sa générosité spontanée - comme lorsqu'il donne au Pauvre sans conditions - et son courage face à la mort montrent qu'il n'est pas qu'un simple égoïste. Il représente l'esprit critique moderne qui refuse les vérités imposées.
Mais il est aussi profondément lâche. Paradoxalement, ce prétendu brave fuit constamment ses responsabilités. Il abandonne les femmes qu'il séduit, évite ses créanciers, esquive les duels avec les frères d'Elvire. Son hypocrisie atteint son sommet quand il feint une conversion religieuse pour échapper aux poursuites. Il ment à tout le monde - son père, Elvire, les paysannes - et profite lâchement de son statut de noble pour séduire des femmes sans défense qui ne peuvent rien contre lui.
Cette contradiction fait de Dom Juan un personnage fascinant : il est à la fois philosophe et manipulateur, courageux face à l'au-delà mais lâche face aux vivants, généreux par moments mais cruellement égoïste. Il meurt en refusant de se repentir, préférant la damnation à la soumission hypocrite.
Molière nous présente un personnage qui utilise les idées les plus modernes de son temps pour justifier des comportements moralement indéfendables. C'est cette ambiguïté qui fait toute la richesse de la pièce.
- « comme Alexandre je souhaiterais qu’il y eût d’autres mondes pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses» [I.2.36]
- « je me percerais le cœur de mille coups si j’avais eu la moindre pensée de vous trahir.» [II.2.173]
- «Je crois que deux et deux font quatre, Sganarelle et que quatre et quatre font huit.» [III.1.321]
Les autres personnages principaux

Charlotte
Charlotte est une pauvre paysanne, promise sans enthousiasme à Pierrot un pauvre paysan [Acte II, scène 1] [II.1]. Elle succombe rapidement aux avances de Dom Juan et accepte de se marier avec lui [Acte II, scène 2] [II.2] puis se chamaille avec Mathurine [Acte II, scène 4] [II.4] à qui Dom Juan a aussi promis le mariage.

Don Carlos
Le frère d’Elvire est profondément blessé dans son honneur par Dom Juan qui a délaissé Elvire. Mais Dom Juan le sauve in extremis, de brigands [Acte III, scène 3] [III.3]. Don Carlos se considère alors son obligé et empêche son frère Don Alonse de se venger [Acte III, scène 4] [III.4].

La Statue du Commandeur
La statue du Commandeur que Dom Juan à tué. Elle parle à Dom Juan lui montrant ainsi l'existence de l'au-delà. «On n’a pas besoin de lumières quand on est conduit par le Ciel.» [Acte IV, scène 8]. Le Fantôme représente la vengeance posthume du Commandeur assassiné par Dom Juan. Il revient d'outre-tombe pour punir l'impie et le forcer à se repentir avant sa mort.

M Dimanche
Créancier de Dom Juan, il lui rend visite pour obtenir paiement, mais Dom Juan l'embobine avec de belles paroles. [Acte IV, scène 3] [IV.3]

Sganarelle
Sganarelle est le valet de Dom Juan dans la pièce de Molière. C'est un personnage complexe qui accompagne son maître tout au long de l'histoire et qui joue un rôle essentiel dans la construction de la pièce.
Sganarelle est d'abord un serviteur, mais il représente surtout la voix de la morale ordinaire face aux excès de Dom Juan.
Croyant et superstitieux, il s'oppose en permanence à l'athéisme de son maître, mais sans jamais oser vraiment l'affronter.
« Il n’y a rien de plus vrai que le Moine bourru ; et je me ferai pendre pour celui-là » [III.1.318].
Sganarelle est face à une contradiction permanente. Il sait que Dom Juan agit mal - il séduit les femmes puis les abandonne, il ne respecte rien ni personne. Sganarelle voudrait le convaincre de changer, mais il a peur de lui et surtout, il a besoin de son salaire pour vivre. Cette lâcheté le rend très humain. Il représente l'homme ordinaire face au pouvoir : il voit le mal mais n'a pas le courage de s'y opposer vraiment.
« Mon Maître est un fourbe, il n'a dessein que de vous abuser » [II.4.262],
Molière utilise Sganarelle pour faire rire, mais ce rire a une fonction précise. Quand Sganarelle tente de démontrer l'existence de Dieu avec des raisonnements maladroits, ou quand il tremble de peur devant les blasphèmes de son maître, le spectateur rit mais comprend aussi le message : la foi simple du peuple s'oppose au cynisme des libertins.
« Je vous dirai franchement que je n’approuve point votre méthode » [I.2.35]
Sganarelle est présent dans presque toutes les scènes. Il permet au spectateur de suivre l'histoire et de comprendre qui est vraiment Dom Juan. Sans lui, la pièce perdrait sa dimension critique : c'est à travers son regard inquiet et désapprobateur que nous mesurons la gravité des actes de Dom Juan.
« Vous serez damné à tous les Diables. » [V.2.585]
Au final, Sganarelle incarne le bon sens populaire face à l'arrogance aristocratique, mais un bon sens impuissant, paralysé par la peur et la nécessité économique.
Les personnages secondaires

Don Alonse
Frère d’Elvire qui essaie de convaincre Don Carlos de se venger de Dom Juan [Acte III, scène 4] [III.4]

Don Louis
Le père de Dom Juan exprime sa profonde déception et son désarroi face aux comportements indignes de son fils «sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions» [Acte IV, scène 4] [IV.4]. Puis il se réjouit de la prétendue reconversion de son fils [Acte V, scène 1] [V.1].

Done Elvire
Elvire est la femme de Dom Juan qu'il a délaissé sans explications alors qu'elle avait renoncé au couvent pour l'épouser. Sa colère lorsqu'elle confronte Dom Juan [Acte I, scène 3] [I.3], se transforme en pardon et en «un amour pur et désintéressé» [Acte IV, scène 6] [IV.6.522]

Gusman
L'écuyer d’Elvire, il donne la réplique à Saganarelle, dans la première scène de la pièce

La Ramée
Un spadassin

La Violette
Un laquais de Dom Juan

Le spectre
Un fantôme qui enjoint Dom Juan à se repentir «Dom Juan n’a plus qu’un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel, et s’il ne se repent ici sa perte est résolue.» [Acte V, scène 5] [V.5.611]

Mathurine
Une paysanne, aussi courtisée par Dom Juan. Elle se chamaille avec Charlotte à son sujet [Acte II, scène 4] [II.4]

Pelerin
Un pauvre à qui Dom Juan demande son chemin. Il refuse de se parjurer même pour un louis d'or . [Acte III, scène 2] [III.2]

Ragotin
Un laquais de Dom Juan