Version Moderne
Version Originale
Purgon m'a dit de marcher le matin dans ma chambre, douze allées, douze retours. Mais j'ai oublié de lui demander si c'est en long ou en large.
Monsieur Purgon m’a dit de me promener le matin dans ma chambre, douze allées, et douze venues; mais j’ai oublié à lui demander si c’est en long, ou en large.
Monsieur, voilà un...
Monsieur, voilà un...
Chut, parle moins fort ; tu me secoues le cerveau, tu oublies qu'il ne faut pas parler si fort à un malade.
Parle bas, pendarde; tu viens m’ébranler tout le cerveau, et tu ne songes pas qu’il ne faut point parler si haut à des malades.
Je voulais vous dire, Monsieur...
Je voulois vous dire, Monsieur...
Parle moins fort, je te dis.
Parle bas, te dis-je.
Monsieur...
Monsieur...
(Elle fait semblant de parler.)
Je vous dis que...
Je vous dis que...
(Elle fait semblant de parler.)
Qu’est-ce que tu dis ?
Qu’est-ce que tu dis ?
Je dis qu'il y a un homme qui veut vous parler.
(haut.)
Je dis que voilà un homme qui veut parler à vous.
Qu’il vienne.
Qu’il vienne.
(Toinette fait signe à Cléante d’avancer.)
Parlez moins fort, vous allez lui secouer le cerveau.
(raillant.)
Ne parlez pas si haut, de peur d’ébranler le cerveau de Monsieur.
Monsieur, je suis content de vous voir debout et en meilleure santé.
Monsieur, je suis ravi de vous trouver debout et de voir que vous vous portez mieux.
Comment "en meilleure santé" ? C'est faux ; Monsieur est toujours malade.
(feignant d’être en colère.)
Comment « qu’il se porte mieux » ? Cela est faux; Monsieur se porte toujours mal.
J'ai entendu dire que Monsieur allait mieux, et je lui trouve bonne mine
J’ai ouï dire que Monsieur étoit mieux, et je lui trouve bon visage.
Qu'entendez-vous par « bonne mine » ? C'est faux. Monsieur a très mauvaise mine. Il ne s'est jamais aussi mal porté.
Que voulez-vous dire avec votre bon visage ? Monsieur l’a fort mauvais, et ce sont des impertinents qui vous ont dit qu’il étoit mieux. Il ne s’est jamais si mal porté.
Elle a raison.
Elle a raison.
Il marche, dort, mange et boit comme tout le monde, mais cela ne l'empêche pas d'être très malade.
Il marche, dort, mange, et boit tout comme les autres; mais cela n’empêche pas qu’il ne soit fort malade.
C'est vrai.
Cela est vrai.
Désolé d'entendre ça. Je viens de la part du professeur de chant de votre fille. Il a dû partir à la campagne, et m'a demandé de le remplacer pour continuer ses cours, afin qu'elle ne perde pas ses acquis.
Monsieur, j’en suis au désespoir. Je viens de la part du maître à chanter de Mademoiselle votre fille. Il s’est vu obligé d’aller à la campagne pour quelques jours; et comme son ami intime, il m’envoie à sa place, pour lui continuer ses leçons, de peur qu’en les interrompant elle ne vînt à oublier ce qu’elle sait déjà.
Très bien. Appelez Angélique.
Fort bien. Appelez Angélique.
Je pense, Monsieur, qu'il vaudrait mieux emmener Monsieur dans sa chambre.
Je crois, Monsieur, qu’il sera mieux de mener Monsieur à sa chambre.
Non; faites-la venir.
Non; faites-la venir.
Il ne pourra pas bien lui donner sa leçon en public.
Il ne pourra lui donner leçon comme il faut, s’ils ne sont en particulier.
Si, ça ira.
Si fait, si fait.
Monsieur, ça va vous fatiguer, et dans votre état, il ne faut pas vous agiter.
Monsieur, cela ne fera que vous étourdir, et il ne faut rien pour vous émouvoir en l’état où vous êtes, et vous ébranler le cerveau.
Non, ça va; j'aime la musique et je serais content de... Ah, la voilà. Allez voir si ma femme est prête.
Point, point; j’aime la musique, et je serai bien aise de... Ah ! la voici. Allez-vous-en voir, vous, si ma femme est habillée.