Version Moderne
Version Originale
Chérie, voici le fils de Monsieur Diafoirus.
Mamour, voilà le fils de Monsieur Diafoirus.
Madame, le ciel vous a justement donné le titre de belle-mère, car votre visage...
(commence un compliment qu’il avoit étudié, et la mémoire lui manquant, il ne peut le continuer.)
Madame, c’est avec justice que le Ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l’on voit sur votre visage...
Monsieur, je suis enchantée d'être ici spécialement pour vous rencontrer.
Monsieur, je suis ravie d’être venue ici à propos pour avoir l’honneur de vous voir.
Puisqu'on le voit sur votre visage... puisqu'on le voit sur votre visage... Madame, vous m'avez interrompu en plein milieu de ma phrase, et cela a troublé ma mémoire.
Puisque l’on voit sur votre visage... puisque l’on voit sur votre visage... Madame, vous m’avez interrompu dans le milieu de ma période, et cela m’a troublé la mémoire.
Thomas, garde cela pour une autre fois.
Thomas, réservez cela pour une autre fois.
J'aurais aimé que tu sois là tout à l'heure ;
Je voudrois, mamie, que vous eussiez été ici tantôt;
Ah ! Madame, vous avez raté quelque chose en ne venant pas voir le second père, la statue de Memnon et la fleur appelée héliotrope.
Ah ! Madame, vous avez bien perdu de n’avoir point été au second père, à la statue de Memnon, et à la fleur nommée héliotrope.
Allons, ma fille, serre la main de Monsieur et promets-lui fidélité, comme à ton futur mari.
Allons, ma fille, touchez dans la main de Monsieur, et lui donnez votre foi, comme à votre mari.
Alors, quoi ? "Papa" ?
Hé bien ! « Mon père » ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
S'il te plaît, ne précipite pas les choses. Laisse-nous le temps de nous connaître et de développer les sentiments nécessaires à un mariage heureux.
De grâce, ne précipitez pas les choses. Donnez-nous au moins le temps de nous connoître, et de voir naître en nous l’un pour l’autre cette inclination si nécessaire à composer une union parfaite.
Pour ma part, Mademoiselle, ces sentiments sont déjà présents, et je n'ai pas besoin d'attendre.
Quant à moi, Mademoiselle, elle est déjà toute née en moi, et je n’ai pas besoin d’attendre davantage.
Si vous êtes si pressé, Monsieur, ce n'est pas mon cas, et je dois avouer que vos qualités n'ont pas encore fait grande impression sur moi.
Si vous êtes si prompt, Monsieur, il n’en est pas de même de moi, et je vous avoue que votre mérite n’a pas encore fait assez d’impression dans mon âme.
Très bien, très bien ! Vous aurez tout le temps de vous apprécier une fois mariés.
Ho bien, bien ! cela aura tout le loisir de se faire, quand vous serez mariés ensemble.
Mais papa, je t'en prie, laisse-moi du temps. On ne doit pas forcer quelqu'un à se marier. Si Monsieur est un homme bien, il ne devrait pas vouloir épouser quelqu'un contre son gré.
Eh ! mon père, donnez-moi du temps, je vous prie. Le mariage est une chaîne où l’on ne doit jamais soumettre un cœur par force; et si Monsieur est honnête homme, il ne doit point vouloir accepter une personne qui seroit à lui par contrainte.
Je ne suis pas d'accord, Mademoiselle. Je peux être un homme bien et accepter de vous épouser sur la décision de votre père.
Nego consequentiam, Mademoiselle, et je puis être honnête homme et vouloir bien vous accepter des mains de Monsieur votre père.
Forcer quelqu'un à vous aimer n'est pas une bonne méthode.
C’est un méchant moyen de se faire aimer de quelqu’un que de lui faire violence.
Les anciens avaient l'habitude d'enlever les filles de chez leur père pour les marier de force, pour ne pas qu'elles semblent consentir à l'union.
Nous lisons des anciens, Mademoiselle, que leur coutume étoit d’enlever par force de la maison des pères les filles qu’on menoit marier, afin qu’il ne semblât pas que ce fût de leur consentement qu’elles convoloient dans les bras d’un homme.
Les anciens sont les anciens, et nous vivons aujourd'hui. On n'a pas besoin de telles pratiques de nos jours ; quand un mariage nous convient, nous y allons de notre plein gré, sans être forcés. Soyez patient ; si vous m'aimez, vous devriez respecter mes désirs.
Les anciens, Monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant. Les grimaces ne sont point nécessaires dans notre siècle; et quand un mariage nous plaît, nous savons fort bien y aller, sans qu’on nous y traîne. Donnez-vous patience; si vous m’aimez, Monsieur, vous devez vouloir tout ce que je veux.
Je suis d'accord avec vous, Mademoiselle, sauf quand il s'agit de mon amour pour vous.
Oui, Mademoiselle, jusqu’aux intérêts de mon amour exclusivement.
La vraie preuve d'amour, c'est d'accepter les désirs de l'autre.
Mais la grande marque d’amour, c’est d’être soumis aux volontés de celle qu’on aime.
Je fais une distinction, Mademoiselle; en ce qui ne concerne pas sa possession, j'accepte; mais en ce qui la concerne, je refuse.
Distinguo, Mademoiselle; dans ce qui ne regarde point sa possession, concedo; mais dans ce qui la regarde, nego.
Inutile de débattre ; Monsieur sort tout juste de l'école et il aura toujours le dernier mot. Pourquoi résister à l'honneur d'être liée à la Faculté ?
Vous avez beau raisonner; Monsieur est frais émoulu du collège, et il vous donnera toujours votre reste. Pourquoi tant résister, et refuser la gloire d’être attachée au corps de la Faculté ?
Peut-être qu'elle a déjà quelqu'un en tête.
Elle a peut-être quelque inclination en tête.
Si c'était le cas, Madame, ce serait quelqu'un d'acceptable et d'honnête.
Si j’en avois, Madame, elle seroit telle que la raison et l’honnêteté pourroient me le permettre.
Ah, quel drôle de rôle je joue ici.
Ouais ! je joue ici un plaisant personnage.
Si j'étais à votre place, mon fils, je ne forcerais pas à se marier, et je sais ce que je ferais.
Si j’étois que de vous, mon fils, je ne forcerois point à se marier, et je sais bien ce que je ferois.
Je comprends ce que vous insinuez, Madame, et votre "bienveillance" envers moi ; mais vos conseils ne seront peut-être pas suivis.
Je sais, Madame, ce que vous voulez dire, et les bontés que vous avez pour moi; mais peut-être que vos conseils ne seront pas assez heureux pour être exécutés.
Les filles sages et honnêtes d'aujourd'hui se moquent de l'obéissance et de la soumission aux volontés paternelles. C'était l'ancien temps.
C’est que les filles bien sages et bien honnêtes, comme vous, se moquent d’être obéissantes, et soumises aux volontés de leurs pères. Cela étoit bon autrefois.
Il y a des limites au devoir d'une fille, Madame, et ni la raison ni les lois ne l'obligent à tout accepter.
Le devoir d’une fille a des bornes, Madame, et la raison et les lois ne l’étendent point à toutes sortes de choses.
Autrement dit, vous ne pensez qu'au mariage; mais vous voulez choisir un mari selon vos désirs.
C’est-à-dire que vos pensées ne sont que pour le mariage; mais vous voulez choisir un époux à votre fantaisie.
Si mon père ne peut m'offrir un mari qui me convienne, je lui demanderai au moins de ne pas me contraindre à en épouser un que je ne pourrais pas aimer.
Si mon père ne veut pas me donner un mari qui me plaise, je le conjurerai au moins de ne me point forcer à en épouser un que je ne puisse pas aimer.
Messieurs, je vous demande pardon pour tout cela.
Messieurs, je vous demande pardon de tout ceci.
Chacun a ses raisons de se marier. Personnellement, je cherche un mari à aimer sincèrement, quelqu'un qui sera le centre de ma vie. Certaines se marient pour échapper à l'autorité parentale et faire ce qu'elles veulent. D'autres voient le mariage comme une affaire d'intérêt, épousant pour l'argent et les biens, passant d'un mari à l'autre sans scrupules. Elles ne sont pas difficiles sur le choix du conjoint.
Chacun a son but en se mariant. Pour moi, qui ne veux un mari que pour l’aimer véritablement, et qui prétends en faire tout l’attachement de ma vie, je vous avoue que j’y cherche quelque précaution. Il y en a d’aucunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la contrainte de leurs parents, et se mettre en état de faire tout ce qu’elles voudront. Il y en a d’autres, Madame, qui font du mariage un commerce de pur intérêt, qui ne se marient que pour gagner des douaires, que pour s’enrichir par la mort de ceux qu’elles épousent, et courent sans scrupule de mari en mari, pour s’approprier leurs dépouilles. Ces personnes-là, à la vérité, n’y cherchent pas tant de façons, et regardent peu la personne.
Aujourd'hui, je te trouve bien raisonnable et j'aimerais bien savoir ce que tu veux dire par là.
Je vous trouve aujourd’hui bien raisonnante, et je voudrois bien savoir ce que vous voulez dire par là.
Moi, Madame, je veux dire exactement ce que je dis.
Moi, Madame, que voudrois-je dire que ce que je dis ?
Tu es si stupide, ma chérie, qu'on ne peut plus te supporter.
Vous êtes si sotte, mamie, qu’on ne sauroit plus vous souffrir.
Vous aimeriez me pousser à l'impertinence, Madame, mais je vous préviens que vous n'aurez pas ce plaisir.
Vous voudriez bien, Madame, m’obliger à vous répondre quelque impertinence; mais je vous avertis que vous n’aurez pas cet avantage.
Ton insolence est sans égale.
Il n’est rien d’égal à votre insolence.
Non, Madame, vous pouvez dire ce que vous voulez.
Non, Madame, vous avez beau dire.
Tu as un orgueil ridicule et une arrogance insupportable.
Et vous avez un ridicule orgueil, une impertinente présomption qui fait hausser les épaules à tout le monde.
Vos paroles ne changeront rien. Je resterai raisonnable malgré vous et pour vous priver de toute victoire, je vais m'éloigner.
Tout cela, Madame, ne servira de rien. Je serai sage en dépit de vous; et pour vous ôter l’espérance de pouvoir réussir dans ce que vous voulez, je vais m’ôter de votre vue.
Écoute, il n'y a pas d'autre choix; choisis de te marier dans quatre jours, soit avec Monsieur, soit avec un couvent. Ne t'inquiète pas, je la mettrai à sa place.
Écoute, il n’y a point de milieu à cela; choisis d’épouser dans quatre jours, ou Monsieur, ou un convent. Ne vous mettez pas en peine, je la rangerai bien.
Désolée de te laisser, mon fils, mais je dois régler une affaire en ville. Je reviens vite.
Je suis fâchée de vous quitter, mon fils, mais j’ai une affaire en ville, dont je ne puis me dispenser. Je reviendrai bientôt.
Vas-y, chérie, et n'oublie pas de passer chez le notaire pour ce qu'on a discuté.
Allez, mamour, et passez chez votre notaire, afin qu’il expédie ce que vous savez.
Au revoir, mon chéri.
Adieu, mon petit ami.
Adieu, mamie. Cette femme m'aime... c'est incroyable.
Adieu, mamie. Voilà une femme qui m’aime... cela n’est pas croyable.
Nous allons, Monsieur, prendre congé de vous.
Nous allons, Monsieur, prendre congé de vous.
Pourriez-vous me donner votre avis sur mon état de santé ?
Je vous prie, Monsieur, de me dire un peu comment je suis.
Thomas, vérifie le pouls de Monsieur pour voir si tu peux bien l'évaluer. Qu'en dis-tu ?
(lui tâte le pouls.)
Allons, Thomas, prenez l’autre bras de Monsieur, pour voir si vous saurez porter un bon jugement de son pouls. Quid dicis ?
Je dirais que le pouls de Monsieur indique qu'il n'est pas en bonne santé.
Dico que le pouls de Monsieur est le pouls d’un homme qui ne se porte point bien.
Il est un peu dur, pour ne pas dire très dur.
Qu’il est duriuscule, pour ne pas dire dur.
Et même un peu capricieux.
Et même un peu caprisant.
Cela suggère un trouble de la rate.
Ce qui marque une intempérie dans le parenchyme splénique, c’est-à-dire la rate.
Non; Monsieur Purgon dit que c’est mon foie qui est malade.
Non; Monsieur Purgon dit que c’est mon foie qui est malade.
Ah, mais que ce soit la rate ou le foie, ils sont étroitement liés par le canal du pylore et souvent par les voies biliaires. Il doit sûrement vous conseiller de manger beaucoup de rôti ?
Eh ! oui; qui dit parenchyme, dit l’un et l’autre, à cause de l’étroite sympathie qu’ils ont ensemble, par le moyen du vas breve du pylore, et souvent des méats cholidoques. Il vous ordonne sans doute de manger force rôti ?
Non, seulement des plats bouillis.
Non, rien que du bouilli.
Eh bien oui, rôti, bouilli, c'est pareil. Il vous recommande très prudemment, et vous ne pouvez pas être entre de meilleures mains.
Eh ! oui; rôti, bouilli, même chose. Il vous ordonne fort prudemment, et vous ne pouvez être en de meilleures mains.
Monsieur, combien de grains de sel faut-il mettre dans un œuf ?
Monsieur, combien est-ce qu’il faut mettre de grains de sel dans un œuf ?
Six, huit, dix, en nombres pairs ; comme dans les médicaments, en nombres impairs.
Six, huit, dix, par les nombres pairs; comme dans les médicaments, par les nombres impairs.
Au revoir, Monsieur.
Jusqu’au revoir, Monsieur.