Version Moderne
Version Originale
J'ai entendu dire à l'entrée qu'on se moque de mes prescriptions et qu'on a refusé de prendre le remède que j'avais conseillé.
Je viens d’apprendre là-bas, à la porte, de jolies nouvelles; qu’on se moque ici de mes ordonnances, et qu’on a fait refus de prendre le remède que j’avois prescrit.
Monsieur, je vous assure que...
Monsieur, ce n’est pas...
C'est une grande audace, une rébellion étrange d'un malade contre son médecin.
Voilà une hardiesse bien grande, une étrange rébellion d’un malade contre son médecin.
Cela est épouvantable.
Cela est épouvantable.
Un lavement que j'avais soigneusement préparé moi-même.
Un clystère que j’avois pris plaisir à composer moi-même.
Je n'y suis pour rien...
Ce n’est pas moi...
Conçu avec un savoir-faire impeccable.
Inventé et formé dans toutes les règles de l’art.
Il aurait dû avoir un effet incroyable sur vos entrailles.
Et qui devoit faire dans des entrailles un effet merveilleux
Le renvoyer avec mépris !
Le renvoyer avec mépris !
C'est de lui que...
C’est lui...
C'est vraiment inacceptable.
C’est une action exorbitante.
C'est évident.
Cela est vrai.
C'est une attaque énorme contre la médecine.
Un attentat énorme contre la médecine.
Il en est la cause...
Il est cause...
C'est un affront impardonnable envers la profession médicale.
Un crime de lèse-Faculté, qui ne se peut assez punir.
Vous avez raison.
Vous avez raison.
Je mets fin à nos relations.
Je vous déclare que je romps commerce avec vous.
Mais c'est mon frère...
C’est mon frère...
Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous.
Que je ne veux plus d’alliance avec vous.
C'est peut-être mieux ainsi.
Vous ferez bien.
Et pour couper les ponts définitivement, voici le don que je comptais faire à mon neveu pour son mariage.
Et que, pour finir toute liaison avec vous, voilà la donation que je faisois à mon neveu, en faveur du mariage.
C'est mon frère qui a tout gâché.
C’est mon frère qui a fait tout le mal.
Mépriser mon lavement !
Mépriser mon clystère !
Faites-le apporter, je vais le prendre maintenant.
Faites-le venir, je m’en vais le prendre.
J'aurais pu vous aider avant qu'il ne soit trop tard.
Je vous aurois tiré d’affaire avant qu’il fût peu.
Il ne le mérite pas.
Il ne le mérite pas.
J'étais sur le point de purifier votre corps et d'éliminer toutes les toxines.
J’allois nettoyer votre corps et en évacuer entièrement les mauvaises humeurs.
Ah, mon frère !
Ah, mon frère !
Et il ne me restait plus qu'une douzaine de traitements pour finir le travail.
Et je ne voulois plus qu’une douzaine de médecines, pour vuider le fond du sac.
Il ne mérite pas vos soins.
Il est indigne de vos soins.
Mais puisque vous n'avez pas voulu guérir par mes soins.
Mais puisque vous n’avez pas voulu guérir par mes mains.
Ce n'est pas de ma faute.
Ce n’est pas ma faute.
Puisque vous avez refusé d'obéir à votre médecin.
Puisque vous vous êtes soustrait de l’obéissance que l’on doit à son médecin.
Cela crie vengeance.
Cela crie vengeance.
Vous avez rejeté les traitements que je vous ai prescrits...
Puisque vous vous êtes déclaré rebelle aux remèdes que je vous ordonnois...
Non, pas du tout.
Hé ! point du tout.
Je vous laisse à votre mauvaise santé, à vos problèmes digestifs, à la corruption de votre sang, à l'acidité de votre bile et à l'excès de vos humeurs.
J’ai à vous dire que je vous abandonne à votre mauvaise constitution, à l’intempérie de vos entrailles, à la corruption de votre sang, à l’âcreté de votre bile et à la féculence de vos humeurs.
Bien fait pour vous.
C’est fort bien fait.
Et je vous prédis que d'ici quatre jours, votre état sera irrémédiable.
Et je veux qu’avant qu’il soit quatre jours vous deveniez dans un état incurable.
Oh non, pitié !
Ah ! miséricorde !
Vous allez souffrir de bradypepsie.
Que vous tombiez dans la bradypepsie.
Monsieur Purgon !
Monsieur Purgon !
Qui va évoluer en dyspepsie.
De la bradypepsie dans la dyspepsie.
Monsieur Purgon !
Monsieur Purgon !
Puis en apepsie.
De la dyspepsie dans l’apepsie.
Monsieur Purgon !
Monsieur Purgon !
Ensuite en lienterie...
De l’apepsie dans la lienterie...
Monsieur Purgon !
Monsieur Purgon !
Qui mènera à la dysenterie...
De la lienterie dans la dysenterie...
Monsieur Purgon !
Monsieur Purgon !
Puis à l'hydropisie...
De la dysenterie dans l’hydropisie...
Monsieur Purgon !
Monsieur Purgon !
Et finalement à la mort, conséquence de votre imprudence.
Et de l’hydropisie dans la privation de la vie, où vous aura conduit votre folie.